Lundi 12 Septembre 2011
soufiane-moulin

Le 2 septembre, il a réalisé le deuxième « coup de deux » de sa carrière, à… Moulins, mais le premier en France puisque l’autre avait eu lieu à Dusseldorf. Pour son deuxième quinté, il a conclu quatrième. Il s’affirme, petit à petit, et… il sort de l’ordinaire. Soufiane Moulin, 21 ans, se confie.

Prénom original, non ?

Celui qu’on choisit mes parents. Enfin, mes parents d’adoption. A 6 mois, j’ai été placé dans une famille d’accueil.

En avez-vous souffert ?

Non. Au fil du temps, mes « parents » sont devenus les vrais, et puis, ils m’ont rapidement fait découvrir les chevaux, qui allaient devenir toute ma vie.

Ils étaient du milieu ?

Pas du tout. Mais ils m’ont vite inscrit dans un poney-club, j’ai eu le coup de foudre et j’ai évolué à un assez haut niveau. En CSO, j’ai participé à quatre Championnats de France, avant de décider de persévérer là où je me sentais bien.

AFASEC ?

Non, le lycée agricole de Laval. Adrien Lacombe a été mon premier professeur, j’avais 15 ans, mais il était essentiellement tourné vers l’obstacle qui, vu mon poids ultra-léger, n’avait pas ma préférence.  A 16 ans, je suis entré chez Patrick Monfort. J’y ai bien appris, j’ai obtenu ma licence et il m’a envoyé chez Cédric Boutin, après un an et demi. Là-bas, j’ai pu monter une cinquantaine de courses, mais nous avons eu des divergences de vue, avec le patron et, au bout d’un an, j’ai rejoint le staff d’Alain de Royer Dupré. J’y ai enregistré mon premier gagnant, au Mans, le jour de l’Arc 2009.

Bonne maison, non ?

Oui. Mais je suis « voyageur » et, l’hiver suivant, je me suis accordé des vacances aux Etats-Unis. Je voulais voir comment cela se passait, outre-Atlantique. Je pense avoir enregistré. Mais je n’avais qu’un visa  « touriste » et il m’a fallu rentrer. Je n’ai pas osé solliciter de nouveau Alain de Royer Dupré, d’autant qu’il avait deux apprentis sous sa coupe, à ce moment là. En revanche, j’ai retéléphoné à Cédric Boutin, qui m’a accueilli les bras ouverts. Je travaille toujours pour lui, mais il me permet de me mettre en selle pour l’extérieur, notamment en Allemagne, où  je bénéficie de 3 kilos de décharge et où j’ai de bons contacts, comme avec Sacha Smerczek.

Vous avez passé le cap des 20 victoires. Votre meilleur souvenir ?

Treize Heureux est mon cheval de cœur, nous nous sommes imposées à trois reprises, cette année. Et, à chaque fois, j’éprouve la même émotion. J’ai l’impression que nous progressons ensemble. MaisAlla Prossima, avec laquelle j’ai remporté un  3.000 mètres, à Longchampn reste gravée dans ma mémoire. Longchamp, c’est prestigieux, même s’il ne s’agissait que d’une épreuve « à réclamer ».

Des objectifs ?

Progresser, bien sûr. Et ne pas perdre ma décharge trop vite, car le tournant est souvent difficile à négocier. Mon patron me laisse la chance, ce qui est primordial, même quand je n’ai pas de réussite, il analyse à froid, me fait des reproches, s’ils sont mérités, mais me refait confiance le lendemain. Il me dit toujours ce qu’il pense. A moi de ne pas le décevoir régulièrement. Et c’est mon défaut…

Comment cela ?

Je suis irrégulier. Je regarde toutes les vidéos, le soir, et je m’autocritique. Parfois, je suis bien inspiré, d’autres, pas du tout. Il faut que j’apprenne à tout bien gérer. Cédric est très intelligent, il voit tout, aussi. Et même si cela s’est mal passé durant plusieurs jours, il ne me retire pas sa confiance. Et, ça, c’est très important. Donner sa chance à un apprenti, et lui laisser la saisir, même s’il y a des « ratés ».

Vos dérivatifs ?

Difficile, dans cette profession. Je lis beaucoup. Des romans, la deuxième guerre mondiale m’intéresse beaucoup. Je suis membre d’une salle de sport où je me rends dès que je le peux, pas assez à mon goût, mais ce n’est pas évident et les muscles sont, quelque part, les ennemis des jockeys. Et comme, je vous l'ait dit, j'adore bouger. Ce samedi 10 septembre, j'étais à Londres. Je me rends souvent à Amsterdam. De nos jours on peut facilement "passer à autre chose", avec les trains.

Problèmes de poids ?

Pas du tout. 49,5 k, sans régime.

Des modèles ?

Forcément. Peslier bien sûr, Soumillon, qui a son image, veut la garder, et demeure remarquable malgré le sucre qu’on lui casse dans le dos,  et Pasquier, que j’ai eu la chance de connaître ailleurs que sur les hippodromes. Si on prend le meilleur des trois, je crois que l'on obtient le premier jockey du monde.

Que faîtes-vous le soir ?

Je coupe. Je ne veux pas parler « cheval »  toute la journée, mes amis ne font pas parti du milieu, j’aime les bons restaus, de temps à autres. Il ya deux « Soufiane » : celui sur les champs de course, et celui de… tous les jours .