Lundi 5 Mars 2012
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A 20 ans, il vient de signer la plus belle victoire de sa carrière, la listed Race Prix Policeman, l’un des « joyaux » de la Riviera, le dernier jour du meeting d’hiver de Cagnes-sur-Mer. Le lendemain, il s’imposait en Italie, pour un professionnel local, dans une « petite » course, mais le week-end était à marquer d’une pierre blanche. Aujourd’hui, il totalise 59 succès, et son « patron » n’a pas encore sorti « l’artillerie ». Antoine Hamelin revient sur son parcours.

Comment tout a commencé ?

Mon père m’emmenait sur les hippodromes parisiens. Tous, sauf Vincennes. Je suis vite tombé amoureux des chevaux, en premier lieu, puis des courses.

Votre père faisait-il partie du milieu des courses ?

Pas du tout. Il était, et est toujours, restaurateur, à Asnières.

Tant qu’on y est, un peu de « pub »…

Le restau s’appelle « Le Nord Mayenne »…

Drôle de nom…

Mon père est né en Mayenne, et ma mère est une pure « chti ». Ils ont associé les deux régions, et proposent de la cuisine du terroir.

Et pourquoi, votre père, issu d’une terre de trotteurs, ne se rendait-il pas à Vincennes ?

Je l’ignore. Vrai que c’est curieux, mais c’est comme ça.

Vous ?

J’ai commencé par les clubs hippiques, puis je suis entré à l’école AFASEC du Moulin-à-Vent, à Gouvieux. Jean de Roualle a été mon maître d’apprentissage.

Tout s’est bien passé ?

Trois ans, en tant qu’apprenti, pour obtenir le BEP, puis un an en tant que salarié. Mais les choses n’allaient pas très vite.

C'est-à-dire ?

J’ai participé à quelques courses « école », puis à 3 ou 4 compétitions officielles mais, si Jean de Roualle était un excellent formateur, le matin, l’après-midi, vu son effectif plutôt réduit, il faisait appel aux « grosses pointures » pour mener ses représentants.

Envie de changer d’air ?

Oui. Pas pour l’écurie par elle-même, car tout allait bien. Mais je me suis dit qu’il fallait que je me réveille, même si j’ai toujours pour conviction que « tout vient à point à qui sait attendre ». J’avais dans l’optique de monter et je me suis un peu inquiété. Je suis parti chez Cédric Boutin.

Davantage de sollicitations ?

Oui, une trentaine, en 6 mois. Pas forcément des premières chances, et j’étais toujours « maiden ». Mais ce n’est pas pour cette raison que je l’ai quitté : nous n’étions pas faits pour nous entendre, même si, lui aussi, est un formidable professeur.

Alors ?

J’ai rejoint l’équipe d’Alain de Royer Dupré, au sein de laquelle je suis toujours. Tout y est top : le niveau de l’écurie, l’ambiance, l’œil et les conseils de M. Royer. C’est d’ailleurs pour lui que j’ai enregistré mon premier gagnant, en septembre 2010, à Lyon, qui plus est avec la casaque Agha Kan.

Depuis ?

L’année suivante, j’ai été beaucoup sollicité par l’ « extérieur », principalement grâce à mon agent,  Jules Susini, qui s’est lancé dans le grand bain pratiquement en même temps que moi et qui s’occupe aussi de Tony Piccone, Mickaël Forest et Antoine Coutier.

Qui fait appel à vous ?

Jean-Pierre Gauvin, Jean-Luc Guillochon, ou Patrick Chevillard.

Pour la décharge ?

Bien sûr. Mais, avec Jean-Pierre Gauvin, il s’est installé une vraie complicité, il me fait confiance. PourSaonois, dans le Prix Policeman, je n’avais évidemment pas la moindre remise de poids. Il m’a cependant demandé comme, aussi, auparavant, dans des courses C, B, ou A. Ce jour-là, j’étais favori. Je n’avais pas le droit à l’erreur, je ne devais pas me planter. De la bonne pression. Pour l’anecdote, nous avions d’ailleurs gagné une épreuve prévue quinté, à Deauville, avec Touching Kings, mais c’est une listed Race qui avait finalement été retenue par France Galop pour servir de support à « l’événement » du jour.

Quel regard sur votre métier ?

Je ne me suis jamais mis dans la tête de devenir Cravache d’Or. Mon ambition, dans un premier temps, était de  pouvoir exercer le métier de jockey. C’est en montant qu’on apprend. Mais j’ai les pieds sur terre. Il me reste beaucoup de chemin à faire.

Vous parliez de « pointures »…

Olivier Peslier et Christophe Lemaire. Non seulement ils sont bons, à cheval, très fins, mais, à côté de ça, dans la vie, ils ne se prennent pas pour d’autres, ils sont intelligents, à l’écoute, répondent à toutes les questions.

Les meilleurs souvenirs ?

Le Prix Policeman, bien sûr, mais ma première à Paris, à Longchamp, avec  High Ville, pour Patrick Chevillard, et mon premier quinté, et seul, du coup, avec Les Yeux d’Or, pour Jean-Luc Guillochon.

Poids ?

52 kilos, sans trop de régime, et pas de séances de sauna. Un bon footing, la veille…

En dehors du footing ?

Du vélo, l’été, et je suis fan de paint-ball.

Comme Olivier Peslier…

J’ai déjà joué contre lui, et son équipe, mais ils sont trop forts pour moi. Mon « idole » a reproduit chez lui, pratiquement à l’identique, l’installation, au niveau « terrain de jeu officiel », de Malaga, en Espagne, me semble-t-il.

Et, professionnellement, où en êtes-vous ?

Je suis donc toujours au service d’Alain de Royer Dupré, qui devrait présenter son premier partant d’ici à deux ou trois semaines. Il sait viser juste.

Vos défauts ?

C’est aux entraîneurs de me le dire. On progresse tout au long d’une carrière, mais j’avoue qu’il est parfois difficile de s’imposer, non pas sur la ligne d’arrivée, mais durant le parcours, face aux jockeys vedettes. Certains sont capables de vous déboîter sous le nez, sans ménagement, parce qu’ils sont « eux » et que vous êtes « vous ».

Vie privée ?

J’ai une compagne, qui connaît bien notre milieu, un chien, une maison à Saint-Leu d’Esserent, à 10 minutes de Chantilly. Le « truc » normal, et une vie très « normale »… J’ai préféré investir dans la pierre plutôt que dans une belle voiture.

D’autres passions ?

La moto.

Plus précisement ?

La moto de piste, où l’on peut monter jusqu’à 300 km/h, et de 0 à 200 en 8 secondes,  ce qui est impressionnant et sensationnel, comme la moto de route, avec laquelle je me fais plaisir aussi.

Record ?

250 km/h. Sur piste, d’après mes souvenirs.

Rapport avec les chevaux ?

C’est un  peu pareil, même si l’on n’éprouve pas les mêmes sensations, mais qui sont loin d’être à l’opposé. Je dirais que sur ton engin, tu sens le moteur, plus ou moins puissant. En selle, c’est l’osmose qui fait la différence. Et que j’aime.