Lundi 10 Mai 2010
alexis-poirier

Le 26 avril, en selle sur Clea du Berlais, entraînée par son patron, Robert Collet, Alexis Poirier, 19 ans, remportait sa première victoire à Auteuil, après les trois déjà enregistrées à Cagnes-sur-Mer, cet hiver, et celle, pour sa rentrée « parisienne » à Fontainebleau. Le 13 avril, la même Clea du Berlais lui avait offert son premier succès à Enghien. Mais, le mercredi 5 mai, de nouveau sur le plateau de Soisy, dans le Prix Nivelet, la première épreuve du programme, sa pouliche, Fadela, elle aussi mise au point par Robert Collet, a pris son appel de trop loin pour sauter la haie du dernier tournant, et elle est lourdement tombée. On a craint le pire pour le jeune apprenti, resté inanimé sur la piste…

Vous souvenez vous de l’accident ?

Non. Je n’ai repris connaissance qu’à l’hôpital d’Eaubonne, où j’avais été transporté. Sur le coup, je ne me rappelais de rien. Je savais que j’avais pris le départ, c’est tout…

Depuis ?

Le parcours m’est un peu revenu, mais pas l’obstacle auquel je suis tombé. J’ai revu la vidéo de la course, désormais.

Quelle impression ?

Cela fait… bizarre.

Les conséquences de cette culbute ?

Je n’ai rien de cassé mais j’ai été victime d’un fort traumatisme crânien. J’ai eu du mal à m’alimenter, et même à boire, les tous premiers jours. Résultat : j’ai perdu 3 kilos, moi qui en pesais environ 58. Mais, déjà, ça va mieux, ce lundi 10 mai. J’ai repris quelques centaines de grammes et cela va suivre son cours… Cependant, je me sens toujours faible. Les médecins m’avaient « arrêté » jusqu’à aujourd’hui, mais j’ai rendez-vous avec eux cet après-midi, pour qu’ils prolongent mon interruption de travail. Pourtant, je vous assure que j’ai envie de revenir le plus vite possible…

Pas d’appréhension ?

Non. Ce n’était pas ma première chute, et ce ne sera pas la dernière. C’est le métier.

Que faîtes-vous, en attendant ?

Je me repose. Je regarde les courses sur Equidia…

Etes-vous de la famille des « Poirier » que l’on connaît, dans le monde hippique ?

Absolument pas. Ni de cellesd’Olivier, de Mickaël, ou même des éleveurs d’AQPS au label « des Mottes »…

Comment êtes-vous venu aux courses, alors ?

Je suis originaire de Bretagne, de Saint-Sulpice-des-Landes. Un été, nous sommes partis en vacances et nous nous sommes retrouvés à côté d’un centre équestre. J’ai commencé à monter à cheval, j’y ai pris goût, comme mon petit frère, qui continue, pour ses loisirs, j’ai été séduit par le concours hippique, j’ai même participé au Championnat de France, et, de fil en aiguille, j’ai voulu devenir jockey…

Pas de réticence de vos parents ?

Non. Ils m’ont laissé faire ce que je voulais. Ils m’ont juste prévenu que ce serait dur, mais ils ont  respecté mon choix.

Et ce fut dur ?

Au début, oui. Quand j’ai intégré l’école AFASEC du Moulin-à-Vent, à côté de Chantilly, j’ai quitté ma Bretagne, me retrouvais en terre inconnue, à 14 ans, comme les autres, mais quand on veut quelque chose, on sait qu’il va falloir s’accrocher. Ce que j’ai fait.

Qui a été votre maître d’apprentissage ?

Corine Barande-Barbe. Très gentille, à l’écoute permanente de ses chevaux. Mais, elle ne m’a jamais fait monter en compétition, alors je suis parti…

Du plat, vous avez bifurqué vers l’obstacle. Pourquoi ?

J’étais un peu trop lourd, pour le plat. En province, il n’y a pas de saunas, alors j’allais courir, pour maigrir. J’ai participé à une vingtaine d’épreuves, sans véritables réussites et, même si j’étais un peu léger pour cette discipline, je me suis tourné vers l’obstacle. Mais j’aime. J’y serais venu de toute façon. J’ai débuté pour Serge Foucher…

Vous êtes désormais au  service de Robert Collet…

Depuis septembre 2009, oui. Il m’a tout de suite donné ma chance. Il y a quelques bons chevaux, à l’écurie, il y a de quoi faire. J’espère y rester un moment. Je m’efforce de bien monter aux ordres, de ne pas décevoir…

Avez-vous des modèles, dans le métier ?

Modèles, ce n’est pas le mot. Mais il y a plusieurs pilotes que j’admire, effectivement : David Cottin, pas pour son esthétisme, à cheval, car il est grand, mais pour sa main…Cyrille Gombeau, Christophe Pieux, Ervan Chazelle… Les meilleurs, quoi…

D’autres passions ?

J’adore la pêche… C’est idéal pour se régénérer. Dès que j’ai un moment et qu’il fait beau, je me dépêche d’aller m’asseoir sur la berge d’une rivière ou d’un étang. Avec Cyrille Gombeau, un vrai « mordu », sans jeu de mots, lui aussi, nous pouvons partir deux ou trois jours, camper au bord de l’eau, la barque toute proche… Dans le même ordre d’idée, c'est-à-dire « se détendre », moi qui vis tout seul, j’aime bien aussi les sorties avec les copains, essentiellement des jockeys de plat, comme Mickaël Barzalona ou Flavien Prat…

Vos prochains objectifs ?

Evidemment, retrouver Auteuil ou Enghien le plus rapidement possible et, à plus longue échéance, arriver un jour au niveau de ceux dont je vous ai parlé : les Cottin, Gombeau, Chazelle… sans oser rappeler le nom de l’homme aux 15 Cravaches d’Or…