Mercredi 23 Juin 2010
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A 37 ans, il est reconnu comme l’un des plus grands jockeys de la planète. Il compte plus de 2.600 victoires, dont 98 courses de Groupe, il est une idole au Pays du Soleil Levant, où des dessinateurs en on fait un héros de mangas, où des cartes bancaires et des poupées sont à son effigie. Ce mardi 22 juin, Olivier Peslier a encore réalisé un coup de 3 à Chantilly et, le soir même, il était, comme toujours, ouvert et disponible…

Vous avez commencé avec les poneys, non ?

Oui. J’ai tout de suite été passionné. Ensuite, itinéraire normal. Deux ans d’apprentissage chez Patrick Biancone et un autre chez Nicolas Clément, à l’époque où son Saumarez, piloté par Gérald Mossé, a remporté le Prix de l’Arc de Triomphe…

Et tout s’est enchaîné… Mais pourquoi avez-vous eu envie d’aller monter au Japon, par exemple ?

J’adore les voyages, et puis on apprend beaucoup… A tous les niveaux. On découvre aussi d’autres ambiances, sur les hippodromes. Ainsi, pour moi, le meeting d’Ascot est le plus beau du monde…

Revenons-y, à Ascot. Vous venez d’y enlever les Queen Ann Stakes, avec Goldikova, qui signait-là son 9ème Groupe I…

Elle bouge les jambes, la « vieille ». Mais j’ai eu peur. Paco Boy n’allait pas mal du tout et il a fini fort, pour échouer de peu. Ma jument a su redonner un coup de reins. On avait fait le trou… J’espère bien, cet automne, qu’elle s’adjugera une troisième Breeder’s Cup Mile, aux Etats-Unis.

Quelles grandes épreuves manquent à votre palmarès ?

Le Prix de Diane et les King George Stakes… Mais j’ai encore le temps.

Financièrement parlant, vous pourriez sans doute arrêter. Qu’est-ce qui vous fait courir ?

J’aime monter et j’aime gagner. Ce coup de trois, aujourd’hui, m’a fait « bander », même si ce n’était pas le Prix de l’Arc de Triomphe. Et puis, si j’arrêtais, je ferais quoi ? Non. J’ai trop la passion, la hargne… Je n’envisage pas un instant de ranger mes bottes.

Pensez-vous pouvoir encore progresser ?

Oui, avec les voyages, l’expérience qui s’accumule et qui t’évite de faire l’erreur que tu aurais pu commettre avant…

Et, en dehors du métier, que faîtes-vous ?

Je joue au paint-ball depuis 1992. J’en suis fou. Je viens d’investir dans un GI Milsi M, du calibre 50, qui est moins dur, qui fait moins mal que le calibre 68. Même des enfants peuvent jouer avec sans aucun danger… Par ailleurs, je suis bien conscient d’être resté un grand enfant. J’aime vivre, et bien vivre, ce qui ne veut pas dire « se bourrer la gueule », mais j’apprécie les bonnes bouffes.

Et les voitures, aussi, non ?

Oui. J’ai une Masérati. On fait beaucoup de route, et c’est autrement plus agréable avec une telle auto que dans une Renault 5. Alors, comme je peux m’offrir une telle machine, pourquoi m’en priver ? Et ce n’est pas du snobisme. Je me fais plaisir.

Quel regard portez-vous sur les jeunes apprentis ou jockeys qui arrivent ?

Il y en a trois ou quatre qui sortent du lot. Pour  les autres, ce sera plus difficile. Certains vont mesurer 1 mètre 80 et peser plus de 60 kilos, ils ne font pas très attention et ne pourront bientôt plus se mettre en selle. Je ne sais pas s’ils sont vraiment sportifs, comme l’était Yves Saint-Martin, par exemple. Il y a des filles aussi, ce n’est pas toujours évident, pour elles.

Et l’Association des Jockeys ?

Elle est indispensable. Ses dirigeants se remuent beaucoup. Mes collègues, qui se sont, un jour ou l’autre, accidentés, en savent quelque chose. Pour ma part, ils me prennent de l’argent, puisque nous réglons une petite taxe au prorata des montes et, comme je n’ai pas que des « montes perdantes », ça me coûte un peu. Mais, je vais vous faire une confidence : c’est très bien comme ça !