Vendredi 6 Août 2010
laurent-huart

Mardi 3 août, à Deauville, il a signé un joli coup de 2, avec Soleil de Vati, pour le local Stéphane Wattel, et Sternenberg, pour son nouveau patron, Markus Nigge, établi, lui aussi, sur la côte normande. A 39 ans, et 425 victoires à son palmarès, Laurent Huart, n’a pas encore pensé une seconde à une éventuelle reconversion…

Comment vous est venue la passion des chevaux ?

C’est presque héréditaire. Nous habitions la Sarthe, près du Mans, et mon père, André, était gentleman-rider, particulièrement à l’aise en steeple-chase. J’ai donc monté très jeune, et j’ai vite compris que ma voie était toute tracée.

Itinéraire classique ?

Oui. Une école AFASEC, à Graignes, et Guy Henrot pour maître d’apprentissage, à Savigny-l’Evêque. Il m’a bien appris le métier et m’a accordé sa confiance, me laissant monter assez régulièrement en compétition.

Ensuite, ce fût plus chaotique, non ?

Eric Libaud, grand entraîneur, lui aussi, m’a fait une belle proposition, et j’ai rejoint son équipe, en 1999 et 2000. Chez lui, j’ai eu la chance de piloter des pur-sang de la trempe de Terre à Terre, avec laquelle j’ai gagné une listed Race, d’Ange Gabriel, que j’ai fait débuter, ou de Turbotière, qui m’a offert également une listed, à Toulouse, et plusieurs places dans des courses de Groupe. Mais, même si je m’éclatais, professionnellement, il y a eu des « divergences de vues » et je suis parti  chez Cyriaque Diard, pendant un an. Claude Lelay, qui n’avait qu’un permis d’entraîner, a fait appel à moi, et nous avons enlevé deux quintés, ensemble. Puis, j’ai travaillé pour Michel Haudouin, qui avait été assistant d’Eric Libaud. Ensuite, un ami, Laurent Cendra, s’est installé à Savigny-l’Evêque. C’était un peu comme un retour aux sources, pour moi…

Vous officiez désormais à Deauville…

Je suis chez Markus Nigge depuis le début de l’année, et tout se passe vraiment bien. Nous entretenons d’excellents rapports, le travail est très bien fait, à tous les niveaux… Il ya quelques saisons, j’avais remporté deux événements, pour lui, avec son Roi du Lac.

Sur un plan plus personnel, êtes-vous marié ?

Oui. Avec Sandrine, que j’ai rencontrée à… Savigny-l’Evêque, où elle était serveuse. Nous avons trois enfants, Christopher, 19 ans et demi, mais bien trop grand, 1 mètre 83, pour avoir envisagé un moment de devenir jockey, Laura, 14 ans, et le petit dernier, Jimmy-Lee, 6 ans. Je suis très « famille ».

Ils sont donc avec vous, à Deauville ?

Non, malheureusement, pour l’instant. Je suis venu tout seul, en « éclaireur ». Dans ce métier, il faut savoir saisir les opportunités, mais on ne peut « embarquer » tous les siens dans ce qui, avant de savoir, ne pourrait être qu’une aventure. Alors, ils sont restés à La Flèche, où ma femme est chef de magasin, pour l’enseigne C&A. La demande de mutation est en cours…

Pas trop dur, tout seul ?

Ils me manquent, bien sûr, mais, en dehors de mes proches, je suis assez solitaire, et passionné de sport. Je cours beaucoup, seul, et je fais de nombreuses randonnées à vélo, seul, aussi, sauf quand un ami demande à m’accompagner.

Des sorties ?

Quand il y a eu de bons résultats, c’est toujours agréable de passer une soirée tranquille et sympa avec l’entraîneur et les propriétaires.

A 39 ans, pensez-vous à une reconversion ?

Absolument pas. Je tiens une super forme physique, je suis vraiment dans la compétition, j’ai le mental… Je n’ai connu que peu de pépins : une fracture de la clavicule, 4 côtes cassées et, j’ai eu de la chance, il y a une dizaine d’années, j’ai eu la rate perforée… Mais il n’y avait qu’un tout petit filet de sang, les chirurgiens n’ont pas jugé bon d’opérer, et ils avaient raison puisqu’elle s’est rapidement auto-régénérée. Tout va donc très bien et je ne vois pas pourquoi il me viendrait l’idée de ranger mes bottes…

Avez-vous un agent, comme beaucoup, parfois très jeunes, en ont aujourd’hui ?

Non. Je fais partie de « l’ancienne école », de ceux qui se sont toujours débrouillé tout seuls. Je ne tiens pas à me mettre en selle à tout prix. Mieux vaut monter moins souvent, mais de bonnes chances.

Et entretenez-vous un rêve ?

Je ne vais évidemment pas vous parler de Cravache d’Or ou d’Arc de Triomphe. Mais je voudrais, simplement, inscrire un Groupe à mon palmarès…