Mardi 27 septembre, à Enghien, en selle sur Stodini, il s’est vite porté aux avant-postes pour, finalement, remporter facilement son premier quinté. Devant les caméras d’Equidia comme, ensuite, au vestiaire, sa joie était communicative. Il venait de vivre le plus beau jour de sa carrière. Malheureusement, dimanche 2 octobre, à La-Roche-sur Yon, il s’est cassé la clavicule droite… Mais, à 28 ans, ce n’est pas cet « incident » qui va perturber la marche en avant de Noam Chevalier…
Avez- vous un rapport familial avec Philippe Chevalier, qui fut un grand jockey d’obstacle ?
Absolument aucun… Ce qui ne m’empêche pas de l’admirer. Malgré sa taille, comme David Berra, David Cottin ou Jonathan Plouganou, il était très élégant, à cheval. Et dans la vie, aussi, d’après ce que j’ai pu savoir.
Quel a été le déclic, alors ?
Mes parents étaient des parieurs assidus. Avec mon père, qui est décédé voici trois ans, et qui avait exercé toutes sortes de professions, nous allions régulièrement sur les hippodromes. Nous habitions Bouchants-les-Craon, tout près de Craon, en Mayenne. A 4 ou 5 ans, j’ai commencé à m’émerveiller. A 11 ans, pendant les vacances scolaires de février, j’ai eu la chance de pouvoir aller faire un stage chez Xavier Guérot.
Vos parents vous l’avaient trouvé ?
Oui… Mais… dans le but de m’écoeurer ! Il faisait bien froid, je ne savais pas monter, je curais les boxes… Ils me répétaient que « jockey, ce n’était pas un métier ».
C’était aussi votre avis ?
Pas du tout. Chaque jour de congé, j’allais à l’écurie. Mais, j’étais un peu « just », et Xavier m’a conseillé les courses de poneys..
Comme Olivier Peslier, entre autres ?
Oui, mais je ne vais pas me prendre pour lui. Toujours est-il que je me suis « éclaté », et que cela m’a porté tout naturellement vers le CFA de Laval. J’ai alors eu le bonheur d’être pris sous l’aile de Claude Rouget, le père de Jean-Claude. Un Très Grand Monsieur. D’ailleurs, regardez, tous ses employés, sans même parler d’Henri Serveau, son cavalier attitré, que j’ai encore rencontré tout récemment, ont fait carrière, chez lui, et n’ont jamais voulu quitter « la maison ».
Cela s’est bien passé ?
Oui. Au bout d’un mois et demi, il me faisait débuter et, dans l’année, j’ai signé 9 victoires. Je garde d’ailleurs une certaine fierté d’avoir remporté « sa » dernière course, quelques jours après son décès.
La suite ?
J’ai évolué pendant un an et demi en plat, puis j’ai connu des problèmes de poids. Il fallait que je « me coupe en deux » pour que la balance soit d’accord avec moi. Je me suis donc tourné vers l’obstacle, avec un réel plaisir. J’ai rejoint l’équipe de Yannick Fertillet, où j’ai beaucoup appris. Mais, attiré par la capitale, je suis parti chez Jean-Paul Gallorini. Une excellente expérience. Un homme pas facile, mais un immense professeur. J’ai gagné avec la casaque Wildenstein, à Strasbourg. Mais, au bout de cinq mois, je me suis rendu compte que la vie « parisienne » n’était pas ma préférée. Je suis reparti dans l’Ouest, chez Thierry Poché, Xavier Guérot, et encore Yannick Fertillet. Avec lui, en un an et demi, j’ai perdu ma décharge. D’autres me font confiance, comme Patrick Chevillard, ou Serge Hamon.
Mais vous avez encore « bougé » ?
En rentrant de Cagnes-sur-Mer, où j’avais assuré le dernier meeting, pour Yannick, tout s’est mal passé. Les chevaux, comme souvent dans cette discipline, ont rencontré des problèmes. Bref, Valérie Seignoux, entraîneur particulier pour son mari, Stéphane, m’a accueilli, il y a bientôt trois mois. Tout le monde fait du bon travail : la preuve, Stodini.
Qu’avez-vous ressenti en passant le poteau ?
Indescriptible. Inoubliable. Je venais de prouver qu’associé à un bon, je pouvais, moi aussi, me distinguer. Monter les « purs », c’est bien, mais encore faut-il les mener à la réussite. J’espère que ce sera un tournant de ma carrière. J’ai dit, sur le coup, que je n’étais qu’un petit jockey de province, mais David Berra, un exemple, que j’ai joint au téléphone ce matin après sa vilaine culbute à Segré, est, lui aussi, établi dans l’Ouest. Il réalise tout de même un festival…
Qu’en est-il de votre blessure, de ce 2 octobre ?
Tout va bien. J’ai perdu connaissance, comme d’hab, et je me suis « à peine » fracturé la clavicule droite. Dans dix jours, tout sera oublié.
D’autres « soucis », auparavant ?
L’an passé, deux fois le bras… Là, tu t’aperçois qu’un jour tu es le meilleur et que le lendemain, tu n’existes plus. Mais c’est à ce moment qu’il ne faut pas les baisser, tes bras cassés… Qu’il faut te remettre en question et aller de l’avant.
L’Association des Jockeys ?
Formidable. Ils se « décarcassent », je n’ai connu aucun problème, pour toute la paperasserie. Je les félicite tous.
D’autres centres d’intérêt ?
Le foot. J’ai joué à un haut niveau, gamin. De temps à autres, je tape encore dans la balle. Je soutiens Lyon, les seuls qui nous font vibrer à un haut niveau.
Sinon ?
Les fléchettes, avec les amis, comme le poker, le vrai, avec des cartes en main. Et puis, j’ai acheté une petite maison, que j’entretiens, je nourris mes canards, que j’ai achetés à la femme d’Olivier Sauvaget. Lui est fana de pêche, comme Cyrille Gombeau . Moi, je n’ai pas leur science, mais, j’aime bien, aussi… D’ailleurs, à propos de Cyrille, il a été le premier à me féliciter, lundi, avec Christophe Pieux, qui vient d’un autre monde, il faut bien l’avouer, et tous les meilleurs. Je vous le dis : inoubliable.
Des objectifs ?
Faire la même chose à Auteuil, où je suis encore « vierge », ou à Craon, ville chère à mon cœur.
Vie de couple ?
Non. Célibataire… « endurci », comme le veut l’expression consacrée.
Pour conclure ?
Je remercie tous ceux qui ont cru en moi et m’ont donné ma chance.