Il a eu 36 ans ce 13 mai. Mais il a pu fêter d’autres événements avant cette date : peu de temps après avoir enlevé son premier quinté, avec Ninive, à Enghien, il a fait sien le Prix du Président de la République 2012, le 22 avril à Auteuil, en ayant signé cinq succès dans la semaine précédant le « sacre ». Il approche des 300 victoires et n’est surtout pas blasé. Gaëtan Olivier retrace son itinéraire avec lucidité…
D’où est venu le « virus » ?
Mes parents étaient agriculteurs, à côté de Nantes. Il y avait des chevaux, de trait, autour de la maison, et un voisin s’occupait de poneys. A 8 ou 9 ans, j’ai vraiment ressenti une attirance pour ces animaux. J’ai commencé avec les courses de poneys, qui m’ont donné le goût de la compétition et, après quelques saisons, je n’avais plus que cela en tête. Je voulais devenir jockey.
La famille était d’accord ?
Pas trop, mais, vu mes résultats scolaires, ils ont dû se dire pourquoi pas !
Alors ?
Tout d’abord l’Ecole de Senonnes-Pouancé, puis celle du Moulin-à-Vent, à Gouvieux, en alternance avec la province.
Maître d’apprentissage ?
Jean Dasque, durant un an et demi, puis Gérard Margogne, chez qui j’ai obtenu ma licence, mais n’ai pas débuté.
Souvenirs ?
C’était dur, chez Jean Dasque, mais une bonne école. A 17 ans, j’ai obtenu mon CAP, et, ne sachant pas chez qui aller, j’ai continué ma scolarité pour passer un BEPA, en alternance chez Gérard Margogne.
Vous avez tout de même goûté à la compétition…
Oui. A 18 ans, en plat. A Tours. J’ai conclu quatrième, pour Jean-Louis Mettler. Je m’étais mis en selle à 54,5 kilos, mais j’ai vite compris qu’il fallait que je me tourne vers l’obstacle. J’étais grand et lourd, et il m’arrivait de ne pratiquement pas manger de la semaine pour pouvoir honorer un engagement.
Du coup ?
Je suis allé chez Alain Claude, à Machecoul et, en trois mois, j’ai du participer à une vingtaine de courses d’obstacle.
Avec des résultats ?
Non. Des parcours corrects, mais aussi des chutes. Je me suis cassé le nez, mais c’est le métier qui rentrait…
Ensuite ?
Je suis parti à La Teste, chez Jean-Pierre Despeyroux, qui n’avait que deux ou trois sauteurs, et je travaillais aussi pour Patrick Dufrêche. J’ai signé mon premier gagnant à Bagnères-de-Luchon, avecJulia Avilla, appartenant à un « permis d’entraîner », Christian Raimbeau.
Puis ?
Le temps passait, je devais avoir 21 ou 22 ans. Je suis entré au service de Jean-Luc Laval, pour le meeting béarnais. J’ai enregistré ma première victoire à Pau, qui a été suivie de deux ou trois autres. J’ai alors rejoint Emmanuel Chevalier du Fau, pour quelques mois, avant de retourner chez Patrick Dufrêche.
La « bougeotte » ?
Pas vraiment. Mais l’envie de trouver ce qui me convenait complètement…
Où avez-vous posé vos valises, alors ?
Chez François Nicolle, à côté de La Palmyre, en 1997. Mais mon premier lauréat à Auteuil était préparé par Marc Nicoleau. Le deuxième, deux ou trois semaines plus tard, l’était, cette fois, par mon patron. J’y suis resté deux ans.
Pour aller où ?
Pas loin. Chez Guillaume Macaire, installé sur l’hippodrome de Royan-La Palmyre. Là, j’ai eu l’impression d’effectuer un deuxième apprentissage. J’y ai énormément appris. C’est un homme hors du commun, il me confiait de bons chevaux et, de 1999 à 2005, je gagnais entre 20 et 30 courses chaque année, cette période a été marquée par 13 succès consécutifs, avec mon premier cheval de cœur, L’As de Pembo, dont la Grande Course de Haies de Mérano, Groupe I..
Pourquoi être parti, alors ?
Je voulais m’installer entraîneur !
Qu’a dit Guillaume ?
Il me l’a fortement déconseillé, me poussant, au contraire, à continuer mon métier, même si ce n’était pas pour lui. Avec le recul, je l’en remercie encore, car je vois bien les difficultés que rencontrent même certains grands professionnels.
Nouveau déménagement ?
Un an chez Jacques Ortet, puis trois chez Jean-Pierre Totain, avec deux bons meetings palois à la clef. Le troisième a été moins reluisant et, bien que nous ayons gardé une bonne entente, j’ai voulu réfléchir.
Comment cela ?
Ma carrière de jockey n’était pas terminée. Il fallait rebondir. Début juin 2001, François Nicole m’a téléphoné pour me proposer de retravailler avec lui.
Vous avez accepté ?
Oui. Mais à condition de ne venir sur Royan que deux ou trois jours par semaine… Suite à un divorce, j’ai vendu ma maison à Pau et me suis installé chez ma compagne, près de Bayonne. Mes enfants, Mathieu 13 ans, qui aime bien les résultats de son père mais pas réellement les courses, et Pauline, 5 ans, qui adore les poneys, habitent toujours à Pau. Il n’était donc pas envisageable de m’installer à Royan.
Beaucoup de route, donc…
80.000 kilomètres, l’an passé. Mais il faut savoir ce que l’on veut…
Et avec François Nicolle ?
Tout se passe très bien. Benoît Gicquel nous a rejoints et Christophe Cheminaud, un ancien « collègue », est désormais le « premier garçon ». Une équipe solide, une organisation parfaite : les résultats de l’écurie ne sont pas dus au hasard.
Vous « explosez » littéralement depuis un an…
La qualité des chevaux de François Nicolle est montée et nous a tous propulsés vers le haut, ce qui nous a permis de courir et de gagner à Paris, mais aussi de se frotter aux professionnels les plus renommés, avec des ambitions pour les courses principales.
Des modèles ?
Non. Ce qui ma plaît, c’est de voir une harmonie, une entente entre un cavalier et sa monture.
Après ce « Président » ?
Si tout est « normal », Quart Monde devrait disputer le Grand Steeple Chase de Paris. Mon premier « Grand Steeple », et aussi celui de François Nicolle.
D’autres « hobbies » ?
Entre le boulot et la route, je n’ai plus beaucoup de temps. J’aime bien les cartes, les vraies, notamment le poker, avec des amis. Un bon restau, aussi, car je suis gourmet.
Sports ?
Je cours un peu, surtout pour le poids, le vélo, et, l’été, quand j’en ai le loisir et que je peux me rendre à la plage, la natation.
Continuez de nager dans le bonheur…