À l’heure de la reprise d’Auteuil, un jockey manque à l’appel. Sa décision d’arrêter le métier qu’il exerçait depuis 26 ans avait surpris tout le monde le 18 mai dernier, sauf lui. Avant les grands rendez-vous de l’automne, c’est l’occasion de prendre des nouvelles de Cyrille Gombeau.
« J’ai la retraite que j’espérais », annonce l’ancien jockey d’obstacle. Installé avec sa femme et son fils aux confins de la Sarthe, à 20 minutes du Mans, Cyrille Gombeau s’est reconverti dans le tourisme. « Nous avions depuis longtemps ce projet avec ma femme d’acheter un gîte. Depuis un an, nous avions emménagé dans cette maison entourée par trois gîtes », explique-t-il. Le couple accueille beaucoup de touristes étrangers mais aussi des passionnés de sports mécaniques qui viennent sur le circuit du Mans. « Nous sommes très proches du circuit des 24h », ajoute Cyrille Gombeau. Ce dernier a également investi dans deux tentes “safaris” pour recevoir des gens voulant passer une nuit insolite. « Cela a beaucoup plu, cet été aux touristes. Ils étaient étonnés du confort de ce type de logement ! ». À part accueillir les touristes en évoquant ses souvenirs de jockeys aux plus curieux, Cyrille Gombeau s’est lancé dans une nouvelle facette du monde hippique : l’élevage.
Une passion pour l’élevage
« C’est un aspect du milieu qui m’attirait et m’amusait. Je voulais aussi transmettre quelque chose à mon fils », confie-t-il. En 2007, il accueille Royale Surabaya, une jument de l’élevage Gallot, cher à son cœur. La poulinière a déjà produit quatre poulains dont une certaine Royale Flag, troisième du prix Ferdinand Dufaure (groupe I) le 18 mai dernier. « C’est un plaisir de suivre les poulains, de les voir débuter et ensuite évoluer », révèle l’ancien jockey. Ce dernier retrouve d’ailleurs des sensations similaires à ses nombreuses années de jockey où il a façonné beaucoup de poulains à la compétition. Royale Surabaya a produit également Mr Mix, Mister Bali et Punta Lara. « Mr Mix est estimé par Guy Cherel, il devrait d’ailleurs débuter dans le prix Finot » , annonce Cyrille Gombeau. Une autre poulinière lui tient compagnie : « je prends goût à l’élevage mais je ne nourris pas de grandes ambitions dans l’élevage, je le prends avec amusement ».
Licencié d’un club de football
Tout comme la reprise d’une licence de football. « J’ai toujours aimé jouer au football cette fois j’ai repris avec l’équipe “vétéran” de mon village pour garder la forme». L’esprit de compétition n’a jamais quitté l’ancien professionnel. D’ailleurs, de sa carrière de jockey, « ce sont les vestiaires qui me manquent le plus, c’était l’endroit où l’on se défiait. En plus, à 46 ans, j’avais gagné une place particulière ». Même si la nostalgie le gagne parfois, Cyrille Gombeau ne regrette pas sa décision. « C’est vrai que cela s’est déclaré de manière soudaine. C’est une accumulation de petites choses qui ont fait que j’ai pris ma décision », avoue-t-il. Mais la dernière “petite chose“ qui le convaincra de s’arrêter sera la mise à pied des commissaires à l’issue du Grand Steeple-chase de Paris, en lui reprochant d’avoir posé les mains et ne pas avoir soutenu River Choice jusqu’au poteau pour la 5ème place. « J’étais encore bien dans ma tête mais physiquement il faut avouer que cela ne répondait pas autant qu’avant. Si j’avais été à 100% de mes capacités j’aurais poussé jusqu’au bout », reconnaît Cyrille Gombeau.
Avant même de monter Exrême Cara, sa dernière monte du jour, il avait pris sa décision. « J’ai monté ma course en restant concentré, mais je savais que c’était ma dernière ». De ses 723 victoires, Cyrille Gombeau retiendra celles forgées tous les matins « avec un travail assidu pour amener un cheval à son objectif visé ». Il déplore d’ailleurs l’évolution de la pratique de jockey, avec des cavaliers de plus en plus free-lance « où la fidélité à un entraîneur ou un propriétaire comme celle que j’ai connue avec Gilbert Gallot se perd ». D’ailleurs, s’il devait résumer sa carrière en trois mots, l’ancien jockey répond du tac-o-tac « travail », « sérieux », « fidélité ». Aujourd’hui, Cyrille Gombeau savoure la retraite « que j’ai toujours voulu avoir : au calme et en famille », conclut-il.
Source : Marion Dubois, coursesepiques.com