Être jockey free-lance, se relever de ses accidents, preÌparer l'avenir... sont autant de sujets que Jour de Galop a abordeÌs avec Ervan Chazelle, jockey d'obstacle depuis quinze ans.
Quelles difficulteÌs avez-vous rencontreÌes dans l'apprentissage de votre meÌtier ?
Je suis rapidement tombeÌ, le matin, et je me suis releveÌ avec l'envie d'y retourner. Je n'ai jamais trouveÌ cela difficile. C'est du travail, c'est suÌ‚r, et deÌ€s mon apprentissage aÌ€ l'Afasec, c'est ce que mes professeurs m'ont appris. Mais, porteÌ par la passion, je n'ai pas rencontreÌ de grandes difficulteÌs.
Le matin, chez Thierry Civel, je montais des chevaux qui sautaient bien et qui m'ont mis en confiance. Il m'a beaucoup fait monter, ce qui m'a permis de progresser.
Quelles sont les premieÌ€res qualiteÌs d'un jockey selon vous ?
De bien ressentir son cheval, d'eÌ‚tre aÌ€ son eÌcoute et puis eÌvidemment d'avoir la science du train.
Vous avez ensuite inteÌgreÌ l'importante eÌcurie de Guy cherel, quel enseignement en avez-vous retireÌ ?
Quand j'ai perdu ma deÌcharge, Guy Cherel m'a contacteÌ pour seconder Pascal Marsac. C'eÌtait une belle opportuniteÌ et apreÌ€s en avoir discuteÌ avec Thierry Civel, j'ai deÌcideÌ de travailler avec lui.
C'eÌtait un entraiÌ‚nement treÌ€s diffeÌrent. Il a fallu que je m'adapte, mais laÌ€-bas, j'ai pu compleÌter mon apprentissage en montant de jeunes chevaux aÌ€ meÌcaniser et aÌ€ former sur les obstacles. C'eÌtait treÌ€s enrichissant. Fin 2007, j'ai deÌcideÌ de devenir free-lance. Julien Phelippon, un ami, l'agent de Christophe Pieux aÌ€ l'eÌpoque, m'avait dit que si je devenais free-lance, il m'aiderait. C'est ce qu'il a fait. Il m'a notamment mis en relation avec Robert Collet, avec lequel j'ai consideÌrablement travailleÌ et appris en allant sauter les chevaux le matin. DeÌsormais, je travaille beaucoup avec Tatiana Puitg qui s'occupe des chevaux de l'EÌcurie Victoria Dreams, ou pour Christian Scandella eÌgalement.
Vous avez eÌteÌ victime de plusieurs accidents, certains vous laissant sur la touche pendant plusieurs mois. L'accident fait partie inteÌgrante de votre meÌtier, mais comment l'appreÌhendez-vous ?
AÌ€ l'Afasec, je m'interdisais de devenir jockey d'obstacle. Je me disais qu'ils eÌtaient fous ! Et puis j'ai gouÌ‚teÌ aÌ€ l'obstacle et j'ai ressenti des sensations que je n'avais encore jamais eues. L'accident fait partie de mon meÌtier, c'est comme ça, le risque est laÌ€, je le sais, mais je n'y pense pas aÌ€ chaque fois que je me mets en selle.
J'ai fait de grosses chutes, on m'a enleveÌ la rate, j'ai eu une rupture des ligaments croiseÌs... Ces chutes m'ont en effet laisseÌ sur la touche durant plusieurs mois. Pendant ma convalescence, je n'avais qu'une envie : remonter le plus vite possible. Alors j'ai fait tout ce que je pouvais pour me remettre en selle, mais je crois qu'il est important de ne pas griller les eÌtapes. Il faut revenir rapidement en piste, mais en pleine possession de ses moyens.
LES DEÌBUTS DE SA CARRIEÌ€RE
Fils d'un passionneÌ de courses, Ervan Chazelle nous a raconteÌ : « J'ai connu les courses graÌ‚ce aÌ€ mon peÌ€re qui est coordinateur et juge aÌ€ l'arriveÌe dans le Centre-Est. C'est lui qui m'a emmeneÌ sur mes premiers hippodromes et j'ai tout de suite aimeÌ ça. J'ai inteÌgreÌ l'Afasec quand j'ai eu l'aÌ‚ge d'y eÌ‚tre admis et je suis entreÌ en apprentissage chez Henri van de Poële. ApreÌ€s, avec ma morphologie, je me suis orienteÌ vers l'obstacle et j'ai rejoint l'eÌcurie de Thierry Civel pendant deux ans. »
En tant que free-lance, de quelles ressources viviez-vous pendant vos convalescences ?
La MSA [MutualiteÌ sociale agricole, ndlr] nous reverse un salaire sur la base de nos gains perçus l'anneÌe preÌceÌdente. Mais cela ne peut pas toujours suffire. Ainsi, quand on est free-lance, il faut penser aÌ€ prendre une assurance compleÌmentaire. Tous les jeunes ne pensent pas aÌ€ le faire, mais c'est primordial en cas d'accident.
La reconversion des jockeys est un sujet freÌquemment eÌvoqueÌ. Y pensez-vous parfois ?
Non pas encore. Mais il est vrai que la reconversion des jockeys est un sujet sur lequel il faut se pencher.
L'Association des jockeys travaille notamment dans ce sens en reÌcoltant par exemple des dons. Je pense qu'il est important, au fur et aÌ€ mesure de notre carrieÌ€re, de rester ouvert aux autres et de continuer de deÌcouvrir d'autres choses afin d'avoir, le moment venu, un maximum de contacts et de connaissances.
Quel regard portez-vous sur la gestion geÌneÌrale de France Galop ?
Je trouve que notre systeÌ€me est plutoÌ‚t bien geÌreÌ. Je ne connais par exemple aucun probleÌ€me de facture ou de retard de paiement... Tout est bien organiseÌ. Cependant, il faut toujours essayer de faire mieux et les courses se renferment sur elles-meÌ‚mes, notamment vis aÌ€ vis des sponsors.
Et sur la gestion du PMU ?
La multiplication des reÌunions est une bonne chose tant que nous ne tombons pas dans l'exceÌ€s et aujourd'hui nous sommes, selon moi, dans l'exceÌ€s. Les courses, les chevaux et ses acteurs, ne sont plus que des chiffres.La multiplication des reÌunions nuit au spectacle des courses. Alors certes, cela reverse beaucoup d'argent aÌ€ la filieÌ€re, mais il faut faire attention de ne pas tuer aÌ€ terme notre sport en le reÌduisant aÌ€ un simple jeu de hasard.
Que changeriez-vous en prioriteÌ dans les courses françaises ?
Il faut conqueÌrir un public plus large et cela passe notamment par le sponsoring.
Dans quel pays aimeriez-vous monter aÌ€ l'anneÌe ?
Je ne quitterai certainement jamais la France. Je m'y sens bien, le système fonctionne bien et j'ai ma petite famille maintenant ici, mais j'aimerais monter un jour en Angleterre.
Que peut-on vous souhaiter ?
De continuer ainsi. Je suis dans le top 20 tous les ans et j'en suis treÌ€s heureux. J'espeÌ€re avoir encore une bonne dizaine d'anneÌes devant moi. Ah oui, et on peut eÌgalement me souhaiter d'eÌviter les accidents !
Source : Jour de Galop