Le jockey Marc Lamazou-Laresse va une nouvelle fois être absent des programmes jusquà mi-mars.
Une blessure à la jambe datant de 2013 le faisant encore atrocement souffrir, il a dû se faire réopérer jeudi 5 février. C’est l’occasion de revenir avec lui sur ce moment de carrière difficile.
Pourquoi avez-vous dû vous faire opérer ?
Lors de ma chute au Lion d’Angers en août 2013, je me suis fracturé la jambe. On m’a alors posé des plaques à l’hôpital d’Angers que je devais me faire enlever un an après… Entre temps, j’ai repris la compétition en me reblessant. En septembre dernier, je me suis fracturé le scaphoïde et le coude. C’était la période à laquelle je devais me faire enlever mes plaques. Mais avec cette nouvelle blessure je ne pouvais pas prendre des béquilles donc j’ai attendre afin de programmer une nouvelle opération.
Pourtant, vous avez tout de même été présent en ce début de meeting palois…
Oui, car je voulais absolument revenir en course même si j’avais mal. Mes plaques frottaient contre ma jambe, c’était douloureux avec ces 17 vis à l’intérieur… J’ai fait une connerie de reprendre (sic), j’en ai fait qu’à ma tête, j’aurais dû écouter les chirurgiens qui me disaient que j’allais trop souffrir.
Et cela a été le cas ?
Oui cela a été horrible. En plus je suis tombé dès les premières réunions en cross. J’ai cru que je m’étais recassé la jambe tellement j’ai souffert. Monter avec la douleur devenait insupportable car je ne pensais plus qu’à ça et je ne montais plus comme avant. J’ai mis du temps à m’en rendre compte…
Qui vous a ouvert les yeux ?
Mon entourage et les entraîneurs avec qui je collabore régulièrement, notamment Guillaume Lassaussaye, Isabelle Pacault et Emmanuel Clayeux. Ces derniers ont su me faire remarquer que ma monte avait changé. J’étais obligé de constater qu’en course, je ne pensais qu’à la douleur. Et justement mes proches m’ont fait remarquer que lorsque je parlais des courses, je n’évoquais plus du tout la notion de plaisir.
Comment vont se dérouler les prochaines semaines ?
Je me suis fait opérer jeudi 5 février. Une fois que cela sera cicatrisé, je pourrais entamer la rééducation. Je ne sais pas encore si je vais pouvoir aller à Capbreton, dans le centre de rééducation pour les sportifs. Si non, je devrais me remettre en condition tout seul pendant 4-5h par jour, dans une salle de sport.
Où et quand souhaitez-vous revenir en compétition ?
Mon but était d’écourter mon meeting de Pau pour avoir le temps de me remettre sur pied pour la rentrée d’Auteuil. Je devrais reprendre à la mi-mars.
Dans quel état d’esprit êtes-vous au tout début de votre rééducation ?
Je ne sais pas. C’est compliqué. Même les chirurgiens sont incertains sur la récupération complète de ma jambe. Depuis le 12 août 2013, j’ai subi 7 opérations à la jambe… Je souhaite seulement revenir en forme pour continuer à monter.
Si malheureusement la douleur persiste, que ferez-vous ?
Je préfèrerais raccrocher les bottes que de continuer à monter avec la douleur. La notion de plaisir est primordiale quand on est jockey. Je veux retrouver ma monte.
Comment expliquez-vous vos accidents successifs ?
Je suis grand et fin, je casse facilement. Dans ma malchance j’ai toujours eu de la chance. Comme lorsque je me suis cassé une cervicale en 2009, j’aurais au moins dû rester paralysé, un an après je regagnais une course. Puis trois mois après, j’ai reçu un coup de pied au visage m’occasionnant 50 fractures… J’ai pu m’en remettre.
Est-ce que tous ces accidents vous ont changé?
Quand on commence dans le métier, on rêve tous de devenir cravache d’or. Aujourd’hui j’ai revu mes ambitions à la baisse. A 29 ans, je ne cherche plus la quantité mais la qualité. J’ai moins envie de grandeur, seulement de pouvoir revenir à Auteuil et continuer à monter pour des clients fidèles.
Qu’est-ce qui vous donne tant le courage de remettre les couleurs ?
La passion. C’est une drogue.
Source : Courses épiques par Marion DUBOIS