Vendredi 10 Avril 2015
REUNION COMMISSAIRES-ASSOCIATION DES JOCKEYS

Réunion des jockeys avec les Commissaires de France-Galop

Hippodrome de Longchamp - 9 avril 2015

Ce jeudi 9 avril, une importante délégation était mobilisée pour participer à cette rencontre. Etaient présents :

Jacques Ricou, Thierry Thulliez, Stéphane Pasquier, Sylvain Dupuis, Ervan Chazelle, Pauline Prod’homme, Tony Piccone, Pierre-Charles Boudot, Théo Bachelot, Maxime Guyon, Antoine Hamelin, Eddy Hardouin, Christophe Soumillon, Grégory Benoist, Mickaël Barzalona, Christian Demuro, Fabien Lefèvre, Anthony Crastus, Raphaêl Marchelli, Umberto Rispoli, Jonathan Plouganou, Kévin Nabet, David Cottin, Alain de Chitray, Damien Mescam, Régis Schmidlin, Geoffrey Re, Nicolas Even, Jo Audon, Morgan Regairaz, Jean-Luc Beaunez, Sophie Chuette, Stéphane Delhommeau ……..

Pour France Galop étaient  présents :

Messieurs Robert Fournier Sarlovèze, Premier Commissaire,  Alain De Kermadec, Président du Conseil Juridictionnel,  Ange Corveller, Commissaire, Henri Pouret Directeur Général Adjoint,  et Henri Kiriel, Chef du service des commissaires.

Les points suivants étaient placés à l’ordre du jour :

1. Gilets de protection

2. Livre dite « Chaudenay »

3. Utilisation de la cravache

4. Eléments devant être pesés avant et après la course

5. Opérations de la pesée générale

6. Sanctions trop lourdes. Mises à pied trop élevées (en comparaison sur les 10 dernières années) 

7. Possibilités d’options entre les mises à pied et les amendes infligées (les mises à pied devraient concerner uniquement les fautes les plus graves).

8. Demande de voir le Conseil Juridictionnel solliciter les entraîneurs, les propriétaires et les jockeys afin que ces acteurs soient représentés lors de l’étude et avant les modifications du Code des courses préalablement à la réunion de la commission du code (création d’une commission paritaire)

9. Faire figurer les barèmes des sanctions dans le Code des courses avec une échelle et l’indication du maximum possible de la sanction disciplinaire.

10. Commission d’appel : autoriser un représentant de chaque collège (propriétaire, entraîneur et jockey) être présent lors des appels.

11. Suppression des frais de dossier du droit d’appel (300 euros)

12. Demande d’une copie, remise sur l’hippodrome, de la notification de la décision disciplinaire.

13. Participation des Conseils aux réunions techniques.

14. Demande d’une réunion trimestrielle entre les Commissaires et les Jockeys (la dernière réunion date de plus de 3 ans).

En préambule de cette réunion, et avant d’aborder l’ordre du jour, le Président de l’Association des jockeys, Monsieur Jacques Ricou et Messieurs les Commissaires se sont accordés sur le fait que les discussions, selon les points abordés ce 9 avril 2015, n’entraîneraient aucune modification des sanctions, pour les jockeys, avant qu’une nouvelle réunion ne soit organisée avant la fin du mois d’avril 2015. Cette rencontre, entre l’Association des Jockeys et leurs conseillers et Messieurs les Commissaires, sera prévue avec les éventuels conseillers de France Galop.

En effet, tous les jockeys présents regrettent que les conseillers juridiques de l’Association soit écartés de cette réunion du 9 avril 2015. Un accord préalable entre l’Association des Jockeys et Messieurs les commissaires n’a pas été trouvé sur ce point. Il est affirmé, qu’à l’avenir, l’Association ne se présentera plus dans ces réunions sans la présence de ses conseillers juridiques.

Le Président Jacques Ricou constate, qu’au cours des derniers mois, le climat de travail entre les jockeys et Messieurs les commissaires est devenu délétère en raison des sanctions infligées plus nombreuses et plus sévères, voire abusives estime-t-il, et espère que cette réunion puisse conduire à un apaisement dans les relations. Les jockeys estiment ne plus pouvoir travailler sereinement et dans de bonnes conditions.

Résumé des débats :

1. Le contrôle avant et après la course des gilets, l’exigence de montrer la carte médicale alors que celle-ci contient des informations médicales et donc d’ordre privé, la convocation chez les commissaires de certains jockeys de manière récurrente  à qui l’on demande de se déshabiller est proprement dégradante et tient du harcèlement. Les sanctions qui ont été prises ces dernières semaines semblent disproportionnées par rapport à la faute.

2. L’Association des Jockeys tient à défendre la livre dite « Chaudenay » telle qu’elle existe aujourd’hui. Cette livre, qui est prise sur le champ de course par le jockey, est aujourd’hui gratuite. France Galop envisage de la rendre payante et de sanctionner les jockeys qui auraient recours de manière récurrente à cette mesure. L’Association des jockeys et les jockeys présents expliquent que la multiplication des réunions, et leurs horaires qui oscillent entre la fin de la matinée et les nocturnes, rendent le maintien d’un poids de forme très compliqué. Entre les déplacements et les horaires, devoir s’entraîner, avoir des horaires de repas réguliers, avoir des possibilités de cuisiner des repas équilibrés sont des actes qui sont parfois impossibles. Il en va de même pour le sauna dont beaucoup d’hippodromes ne sont encore pas équipés. Ainsi, la livre « Chaudenay » reste nécessaire malgré les efforts constants des jockeys pour respecter les poids de leurs chevaux.

3. Depuis le 1er avril 2015, Messieurs les Commissaires sanctionnent les coups de cravache donnés en levant le bras plus haut que l’épaule. Il est confirmé que les jockeys respectent énormément leurs chevaux. Les jockeys français ne sont pas des « acharnés du bâton » et ne comprennent pas ce soudain durcissement alors même qu’ils sont désormais équipés de cravaches anglaises plus douces pour les chevaux et que le nombre de coups a été fortement abaissé. De plus, décider de sanctionner cette façon de cravacher, c’est demander aux jockeys de changer instantanément un geste acquis depuis des années. Pour rappel, rien de ce genre n’est enseigné à l’AFASEC, l’école des courses hippiques. Les jockeys demandent donc que pendant une période probatoire de 8 mois, aucune sanction ne soit prise. En cas de geste trop au-dessus de l’épaule, le jockey peut être convoqué chez les commissaires et averti verbalement afin qu’il puisse corriger son geste. En aucun cas ce geste ne peut être modifié de façon automatique. De plus, il faut prendre en compte la spécificité des jockeys d’obstacle qui ont souvent subi une ou même plusieurs fractures de la clavicule, des bras, du poignet, des fractures qui peuvent entraîner une modification de la gestuelle et parfois, l’impossibilité de ne pas lever le bras au-dessus de l’épaule.

Les jockeys estiment aussi que les cravaches de plat et d’obstacle devraient être du même modèle.

4. Les commissaires soulèvent le problème des éléments pesés et souhaiteraient que tout ce que porte le cheval soit pesé. Les jockeys soulèvent un problème : d’une part, le matériel dépend de l’entraîneur et, d’autre part, le jockey ne peut pas gérer ce poids en supplément du sien. 

5. Les commissaires envisagent de l’opportunité de réaliser, pour chaque course, des pesées générales, c’est-à-dire pour tous les jockeys avant et après la course. Or, les jockeys soulignent que tous les hippodromes ne disposent par des infrastructures nécessaires, notamment lors du retour des chevaux. La pesée de tous les jockeys semble difficile notamment avec la réduction du temps entre deux courses. Si la pesée de tous les jockeys est confirmée, il faudra envisager des intercourses de 40 minutes et plus de 30 minutes actuellement. Les tests de pesée générale effectués au cours de l’année montrent qu’au retour des chevaux, les jockeys se trouvent dans un espace restreint avec des chevaux sous pression, ce qui multiplie les risques d’incidents. 

6. Les sanctions sont devenues trop lourdes estime le Président Jacques Ricou. En effet, une mise à pied de 15 jours il y a 20 ans représentait seulement 6 à 8 jours sans monter en courses. Désormais, avec la multiplication des réunions, 15 jours de mise à pied, c’est 15 réunions de rater. De plus, cette multiplication des réunions empêchent souvent les jockeys de pouvoir travailler au sein d’une écurie mensuellement. Ainsi, un jockey mis à pied 30 jours dans l’année se retrouve avec l’impossibilité de travailler un mois complet et de gagner sa vie. 

7. L’Association des jockeys demande une révision complète de l’échelle des sanctions afin que les amendes soient préférées aux mises à pied et que le recours à une mise à pied ne soit envisagé que pour des fautes dites graves.

8. L’Association des Jockeys demande la mise en place d’une commission paritaire  dès lors que la modification du Code des courses est envisagée. 

9. Les barèmes de sanction devraient figurer au Code des Courses avec l’indication des sanctions minimales et maximales qui peuvent être infligées pour une faute précise. 

10. Les jockeys demandent que la Commission d’appel soient composés de juges avec des représentants de chaque collège: jockey, entraîneur et propriétaire en plus des trois Commissaires d’appel.

11. L’Association des Jockeys demande la suppression des frais de dossier de 300 euros de droit d’appel. 

12. Les jockeys demandent également que leur soient remise sur le champ de courses une copie de la notification de la décision disciplinaire lorsqu’ils sont convoqués et sanctionnés par Messieurs les commissaires.

Les commissaires ont annoncé que cette disposition serait mise en place rapidement.

13. L’Association précise qu’elle ne se présentera, plus dans ces réunions, sans la présence de ses conseillers juridiques.

14. L’Association des jockeys demande qu’une réunion trimestrielle avec les jockeys soit obligatoirement inscrite au calendrier afin de régler rapidement les points de discordances plutôt que de les laisser s’accumuler.

Dans les questions diverses, la mission du secrétaire des commissaires a également été abordé. Messieurs les commissaires ont précisé que son rôle était de leur apporter des données techniques mais que c’était leur propre pouvoir de de juger de la raison qui les amenait à convoquer un jockey. L’Association des jockeys a rappelé certains faits où les jockeys ont assisté à des scènes où un secrétaire des commissaires a influencé les Commissaires dans leurs motivations de sanctions, avec un discours à charge et complètement déplacé par rapport à sa fonction. L’Association constate également que lors de la présence de l’un des secrétaires des Commissaires qui officie sur un champ de courses à Paris ou en province, les sanctions sont plus nombreuses et plus lourdes qu’en son absence sur les mêmes hippodromes, avec les mêmes Commissaires. L’Association fait remarquer qu’il s’agit  d’un abus de pouvoir.

L’Association des jockeys estime que le corps des Commissaires ne peut être objectif lorsqu’il est juge et partie. La grande majorité des Commissaires est également composée de propriétaires ou éleveurs. Ils ont l’autorisation également de parier sur les courses. L’Association des jockeys pensent qu’une révision du statut des Commissaires et du Conseil Juridictionnel est nécessaire et va même jusqu’à demander la professionnalisation de cette fonction dans la mesure où tous les arbitres des sports en général sont professionnels, responsables de leurs décisions et peuvent être eux-mêmes sanctionnés en cas de faute.

L’Association des jockeys déplore la dégradation des conditions de travail de ses adhérents à la suite de la multiplication des réunions de courses. Dans tous les autres sports, la Fédération est qualifiée de responsable. Pour les jockeys, France Galop est considérée comme notre fédération. Nous estimons que France Galop doit contribuer et aider ses compétiteurs dans l’exercice de leur métier par des mesures telles que : faciliter les transports et des transferts depuis les gares ou les aéroports, mise à disposition d’une nourriture adaptée pour les jockeys dans les vestiaires, présence de coachs sportifs et nutritionnistes pour les aider dans le maintien de leur poids de forme, réseau médical de professionnels notamment de l’orthopédie et de la neurochirurgie. Actuellement, les jockeys doivent s’organiser seuls, soit se tourner vers l’Association des Jockeys qui ne disposent que de moyens limités. 

A la suite du débat médiatique sur le poids des jockeys, l’Association des Jockeys demande que France Galop, avec la contribution de son médecin conseil et en partenariat avec l’AFASEC, lance une étude du poids de base des jockeys en France afin d’établir la réalité du poids des jockeys en France et envisager, à la lecture des conclusions, une possible augmentation des poids de base dans les courses à condition.

Les Commissaires ont déclaré être favorables à une telle étude et à une éventuelle augmentation de l’échelle des poids.

Messieurs les Commissaires de France Galop ont pris acte de chacun de ces points, ont écouté les nombreux jockeys qui ont évoqué des cas particuliers et la réalité de leur quotidien. Ils reparleront de ces sujets dans leur prochaine réunion plénière et ont fixé une nouvelle réunion avec l’Association des Jockeys à la fin du mois d’avril pour aborder à nouveau ces sujets.

 

TG 10-04-2015