Mercredi 16 Septembre 2015
Anthony Thierry

Kiss Delacour et Anthony ont dévoilé tout leur talent lors de leur victoire dimanche dernier dans le Grand Cross de Craon. L’occasion de faire parler ce jockey discret qui a pourtant beaucoup de choses à dire…

Après les chevaux, ce qu’Anthony Thierry préfère enfourcher, c’est son tracteur. « C’est mon loisir préféré d’être dans les champs sur mon tracteur. Cela permet de m’évader. D’ailleurs, la veille du Grand Cross, j’ai fendu 8 cordes de bois, histoire de me détendre », raconte le jockey. Et 24h plus tard, « un rêve de gosse se réalisait », au bout des 31 obstacles et 6000m de parcours. « C’était un gros soulagement même si je ne comptais pas être battu, à part peut-être par Quick Baby (l’autre cheval de l’écurie Follain qui termine 2è, NDLR) ! ». Kiss Delacour possède toutes les qualités d’un bon cheval de cross, d’après son jockey : « il est maniable, facile à monter et surtout il peut suivre toutes les accélérations pendant le parcours, tout en remettant un coup de rein à l’arrivée ». Cap désormais vers l’Anjou Loire Challenge qui sera son prochain objectif, en plus ce sera sur les terres du jockey, au Lion-d’Angers.

Un jockey terrien

Anthony Thierry aime sa terre angevine, à quelques kilomètres du Lion-d’Angers. D’ailleurs, si sa carrière professionnelle se déroule uniquement autour du centre d’entraînement de Senonnes, c’est parce que le champion de France en cross a trouvé son équilibre ainsi. Fils d’un réparateur agricole et d’une mère ouvrière dans les vergers, Anthony Thierry a découvert le métier grâce aux courses de poneys. « J’ai ensuite monté chez M.Bonsergent puis chez Philippe Bourgeais car ils étaient à côté de chez mes parents ». Très vite, le jeune se montre à l’aise à cheval et l’idée d’épouser une carrière de jockey se profile. « Mes parents n’étaient pas d’accord au début, car ils ne connaissaient pas du tout le milieu et ne savaient pas comment m’aider. J’ai donc pris le journal local et trouvé une annonce d’apprentissage chez l’entraîneur Thierry Poché à Senonnes », se rappelle-t-il. Au bout de 6 mois, il sort déjà du lot et son entraîneur obtient une dérogation pour que le petit monte en course, avant même ses 16 ans. « Je tiens d’ailleurs à remercier Thierry Poché, il m’a forgé le caractère et m’a endurci ».

Un homme discret

D’autres hommes comptent pour Anthony Thierry comme Jérôme Follain, Fabrice Foucher ou Philippe Chemin « des hommes droits qui me font confiance et ne mettent pas des jockeys vedettes dès qu’ils le peuvent ». Au cours de sa carrière, d’autres professionnels ont compté pour lui : « lorsque Christophe Lotoux entraînait des chevaux d’obstacles il m’a fait confiance, alors que je traversais une période difficile après le décès de ma compagne Nathanaëlle Artu. Il m’a permis de ne pas me laisser aller et d’arrêter de broyer du noir. J’ai mis du temps à m’en remettre… ». Très discret, Anthony Thierry n’est pas du genre à faire parler de lui. « Je n’aime pas ça, je suis concentré avant les courses, je ne parle pas vraiment et encore moins aux journalistes ! » ; fait-il savoir. D’ailleurs, il reproche à ces derniers de ne pas suffisamment mettre en avant les jockeys qui ne sont pas des vedettes et ceux qui montent en cross. « Pourtant, nous devons être polyvalents et nous adapter à tous les petits hippodromes, c’est un métier dur où il n’y a pas que des vedettes ». À bientôt 36 ans, Anthony Thierry se livre sans état d’âme et rebondit sur l’arrivée des agents dans la discipline de l’obstacle. « C’est en train de tuer le métier car les agents appellent uniquement les entraîneurs en forme. Moi j’ai continué à monter pour Jérôme Follain aussi bien dans les bons que les mauvais moments, car nous nous faisons confiance.  A cause des agents, la confiance se perd et plus aucun jockey ne voudra dresser de chevaux le matin sur les obstacles si c’est pour que d’autres en récupèrent les avantages en course ».

Un jockey d’obstacle dans une écurie de plat

Anthony Thierry a la particularité de travailler à Senonnes mais de collaborer principalement avec des entraîneurs basés dans la Manche ou en Loire-Atlantique, comme Fabrice Foucher. « C’est vrai que cela fait 12 ans que j’ai fait le choix de travailler uniquement dans des écuries de plat. Je pense que c’est au jockey de s’adapter au cheval et non l’inverse. C’est une question de ressenti. Quand je monte un cheval d’obstacle que je ne connais pas, dès le canter je cerne comment il est », explique Anthony. Après avoir travaillé chez Eric Leray, puis chez Florent Monnier, il est arrivé au service d’Arnaud Vetault depuis moins d’un an et s’y plaît. « Il a de l’avenir, il mériterait d’avoir un peu plus de réussite car il travaille dur, il est à l’écoute de son personnel et ses chevaux sont beaux ».

Après plus de 20 ans dans le métier, et 330 victoires en poche le Lionnais se montre satisfait de sa carrière. « On rêve toujours d’une carrière parisienne mais j’ai quand même décroché plusieurs cravaches d’or de l’Ouest des jeunes. Ce Grand Cross de Craon était aussi un rêve, je suis content d’avoir abouti. Je ne vous cache pas que j’ai déjà pensé à raccrocher les bottes mais je sens que Kiss Delacour peut me donner une victoire dans l’Anjou Loire Challenge alors pourquoi ne pas continuer encore un peu ? Tant que la forme et le mental sont là… ». En tout cas, la reconversion d’Anthony se fera sûrement sur son tracteur. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Source : coursesepiques.com - Marion Dubois

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