Voici la relève, deux jeunes talents ! Déjà ensemble sur les bancs de l’école, ils reçoivent ce soir leur première récompense. On leur souhaite le meilleur pour la suite !
Simon Evin : Quel est ton objectif principal ? Une Cravache ? Un Groupe 1 ?
Alexandre Chesneau : Comme tous les jeunes, mon but était de devenir un grand jockey mais ce n’est pas simple. Maintenant que je commence à travailler, pour moi mon objectif est de faire une carrière régulière dans la durée et pas spécialement la meilleure carrière du monde. C’est très compliqué même si on rêve tous de ça. Je dirais donc de faire une carrière longue et constante.Â
Si je dois choisir une course, ce serait l’Arc de Triomphe, c’est la logique, c’est ce qui fait rêver tout le monde. C’est à Longchamp, le temple du galop. Une Cravache également, pourquoi pas, tout comme l’Arc de Triomphe, ce sont des rêves. On espère toujours qu’ils vont devenir réalité un jour. Une Cravache n’est pas forcément mon objectif, la Cravache c’est pour l’élite ! Si je pouvais déjà avoir une carrière dans la durée, ça serait déjà bien.
AC : Comment imagines-tu la carrière parfaite ?
SE : En étant à cheval pratiquement tous les jours, monter les grandes courses, avec des bons chevaux … Et pourquoi pas être « Cravache d’Or » en obstacle. Il me reste 16 victoires avant de perdre ma décharge. C’est très proche … Mon objectif est de la perdre rapidement et d’être Cravache d’Or de l’Ouest des Jeunes Jockeys cette année.
SE : Est-ce que l’obstacle te tente ?
AC : J’ai fait tout mon apprentissage chez Yannick Fouin donc j’ai pas mal sauté pendant au moins 3 ans. Même si je vais faire le maximum pour rester en plat, je dis : « oui », avec plaisir. Si un jour je rencontre des problèmes de poids, l’obstacle m’intéresserait. Cela m’avait beaucoup plu et je ne suis jamais tombé le matin. On dit souvent que ça refroidit (RIRES) mais pour l’instant ça ne m’est jamais arrivé, donc ça me plairait bien.
AC : Pourquoi Jockey ? Pourquoi veux-tu faire de l’obstacle, alors que ton poids te permet de faire du plat ?
SE : J’aime les chevaux depuis toujours, c’est une véritable passion. Je suis originaire de Senones, où je suis monté pendant 4 ans dans un centre équestre puis chez un ami de mes parents, qui est spécialisé dans le trot, ainsi que des balades de temps en temps ... Je n’étais pas très scolaire. Il fallait donc que je travaille, en apprentissage ou en faisant des stages et rentrer dans la vie active. Un jour, j’ai regardé exceptionnellement la télé un samedi et je suis tombé sur un reportage avec des chevaux qui parlait de l’AFASEC, l’école des jockeys. Cela m’a inspiré et ça a directement tilté. A 14 ans, j’y ai fait les stages de pré-formation, j’ai été accepté et j’ai passé 2 ans à Chantilly. Je n’ai aucune famille dans les chevaux, mes parents ont une entreprise de toitures. Ils me soutiennent beaucoup, ils sont toujours avec moi, je suis bien entouré. J’ai choisi l’obstacle, car en plat il n’y a pas assez de sensation à mon goût. C’est vrai qu’il y a des chevaux plus qualiteux que d’autres, plus faciles que d’autres, de meilleurs sauteurs … Ça change tout le temps, c’est intéressant. Le plat est complétement différent de l’obstacle. Ce qu’il faut surtout, c’est du gaz !
SE : Que représente l’Etrier d’Or pour toi ? Un lancement de carrière prometteuse ?
AC : J’aimerai dire que ce n’est pas très représentatif. Pour moi les critères sont mal faits, on devrait changer les règles et faire tout simplement de l’Etrier d’Or : le Prix du Meilleur Apprenti, sans critère d’âge, en comptabilisant les gagnants. Il y a des apprentis qui ont plus de 18 ans et qui ont fait une année excellente mais qui ne sont pas récompensés. Moi, mes 17 ans et mes 17 gagnants, on ne trouve pas cela très juste car il y en a qui ont le double de victoires, ce serait donc plus logique de les récompenser eux. Ce n’est donc pas spécialement représentatif mais cela fait quand même plaisir. Pour moi ce n’est pas le lancement d’une carrière prometteuse, c’est plutôt la récompense d’une année en particulier. Après, il faut réussir à continuer et poursuivre sa carrière comme elle a commencé. En effet, mon début d’année 2018 n’est pas exceptionnel, mais ce n’est que le début et cela ne veut rien dire.
AC : Quelle course serait ton graal ?
SE : Mon rêve est de monter le « Grand Steeple-Chase de Paris » et le « Cross Country Anjou Loire Challenge », c’est le plus long du monde. Je suis également un petit peu les courses à l’étranger et le « Grand Liverpool » est une course qui serait à faire. Je n’ai jamais eu la chance d’aller le voir, mais cela doit être impressionnant. J’aimerai beaucoup monter en Belgique à Waregem également.
SE : Comme beaucoup de cracks jockeys de plat français, aimerais-tu faire une partie de ta carrière à l’étranger ?
AC : Pour l’instant je n’y ai pas beaucoup pensé en tant qu’apprenti mais c’est vrai que dans le futur c’est toujours sympa d’aller voir ailleurs. Je suis allé au Maroc récemment, ça fait des expériences, cela fait voir d’autres choses et pour pouvoir monter à l’étranger un jour c’est super important. A pied, je suis allé à Newmarket. J’aime bien suivre les courses aux Etats Unis et en Angleterre.
SE : Quel autre métier aurais tu aimé faire ?
AC : Justement, je veux faire ce métier depuis tout petit. A 3 ans, j’ai dit que je voulais être jockey donc je ne me suis pas trop penché sur d’autres sujets. Mes parents sont dans le milieu, mon père était jockey d’obstacle, ma mère travaillait dans les chevaux, ils ont été permis d’entraîner. Donc je suis né dedans. Si je dois changer de métier, j’aime bien le journalisme, cela me plait beaucoup, mais ca serait dans les chevaux. J’aimerai continuer avec eux quoiqu’il arrive.
AC : Ton quotidien ? Comment se passe ton apprentissage ?
SE : Je suis en apprentissage dans le Sud-Ouest à Château-Gontier, je suis assez proche de certains jockeys comme Olivier Jouin et Johnny Charon. Ils nous donnent beaucoup de conseil, en courses ou le matin. Ils sont déjà passés par là, comme tout le monde, ils nous l’expliquent bien. J’écoute attentivement ce qu’ils me conseillent. Tout se passe très bien. Mon employeur, Serge Foucher, est en or. Il me fait confiance, il me fait monter et j’ai de bons résultats.
SE : Une idole ?
AC : Quand j’étais gosse, c’était tout le temps Christophe Soumillon, c’est l’idole de beaucoup de jeunes. Et maintenant, je le croise dans le vestiaire, c’est impressionnant. Depuis tout petit, on voit les cracks à la télé et un jour on est dans les boîtes de départ à cotés d’eux, on regarde à gauche, il y a Pierre-Charles Boudot et à droite, Christophe Soumillon. Cela fait vraiment plaisir. Une fois en courses, je suis comme eux, un jockey qui défend son cheval et les couleurs d’un propriétaire. Mais c’est vrai, quand j’y pense, il y a quelques années j’en rêvais et maintenant j’y suis et j’en suis très content.
AC : La carrière d’un jockey que tu admires tout particulièrement ?
SE : C’est Jonathan Plouganou ! Je l’admire pour sa façon de monter et sa technique. Je connais un petit peu Jonathan, j’ai l’opportunité de discuter avec lui dans les vestiaires. Je suis aussi impressionné par la carrière de Christophe Pieux, mais je n'ai pas eu l’occasion de le rencontrer personnellement.
Propos recueillis par Carole Desmetz Consulting