Etoile montante, la jeune Coralie Pacaut , 21 ans mais la tête sur les épaules, avance très sereinement dans sa carrière de jockey. Après la tornade Mickaëlle Michel, Coralie est largement pressentie pour la « Cravache féminine 2019 » avec 65 gagnants à la mi-octobre. Elle est la première femme de l’histoire à entrer dans le TOP 10 en plat, avec Béatrice Marie (Cravache d’Argent en Obstacle, derrière Christophe Pieux).
Rencontre avec UN jockey presque comme les autres … mais qui pourrait un jour monter sur le podium.
Née en région parisienne, Coralie déroule un parcours scolaire classique jusqu’en 3ème. Même si elle monte à poney, son rêve de carrière est loin des hippodromes. Bonne élève, la profession d’architecte lui tend les bras. En effet, elle aime dessiner et surtout participe, avec ses parents, aux travaux et décorations de la maison familiale.
Mais le destin en a voulu autrement … Fan de chevaux, elle passe tous ses week-ends et vacances scolaires au poney-club. Elle cherche alors une formation sur internet pour travailler dans ce milieu, elle veut être à cheval. C’est alors qu’une camarade de classe postule à l’AFASEC et l’embarque dans l’aventure. Les parents de Coralie ne sont pas très emballés par son souhait mais capitulent devant sa passion et sa motivation. Elle leur en est aujourd’hui très reconnaissante. Elle ira au bout de la formation jusqu’à l’obtention du Bac Pro Agricole.
Avec des parents toujours très proche d’elle, et qui la soutiennent sans faille, Coralie appréhende son métier avec beaucoup de lucidité. Bien que très jeune, sa connaissance du milieu est déjà bien avancée et clairvoyante. Elle en connaît déjà les avantages et les dangers. Elle préfère donc prévenir que guérir. Elle sait que tout va très vite, les montagnes russes des gains en courses ne s’apparentant qu’à peu d’autres métiers. Elle anticipe donc. Certes elle profite de la vie, mais reste sérieuse, étant donné les risques que le métier de jockey comporte. Appartement, assurance, économies … elle cadre sa vie et garde les pieds sur terre.
Aujourd’hui, elle sait que cela peut s’arrêter instantanément mais elle n’a cependant que son métier en tête avec des objectifs grandissants d’une année sur l’autre. Tout se passe comme elle le souhaite, a conscience de sa bonne étoile et ne démérite pas au travail.
Pour connaître mieux Coralie Pacaut, un petit bout de femme qui sait qu’elle veut et ce qu’elle vaut … c’est par ici :
Association des Jockeys : Un Qualificatif ?
Coralie Pacaut : Perfectionniste
AJ : Un Atout ?
CP : Sérieuse
AJ : Une Qualité ?
CP : On me dit souvent que j’ai une bonne main
AJ : Un Défaut ?
CP : Je reste trop fixée sur quelque chose qui s’est mal passée, en course par exemple … mais j’y travaille.
AJ : Des Doutes ?
CP : Toujours, tout le temps, la concurrence, même si c’est sain et que ca me fait progresser
AJ : Des Regrets ?
CP : Aucun, j’assume tout
AJ : Qu’est ce qu’il te manque ?
CP : Peut-être un bon cheval pour aller dans les bonnes courses, mais j’ai l’entraîneur qu’il faut. Mon patron me fait confiance, j’ai déjà monté des bonnes courses, et actuellement j’ai des chevaux qui progressent bien pour participer à de belles échéances … je croise les doigts.
AJ : Qu’est ce que tu as de plus que les autres ?
CP: J’ai eu un coup de chance que j’ai saisi au bon moment !
AJ : Une journée type ?
CP : Mon réveil sonne à 6:15. Je suis à l’écurie à 6:45. J’ai la chance de ne plus faire les boxes. En fonction des courses de l’après midi, je monte entre 1 et 3 lots par jour ainsi que les galops. Puis direction les courses, au maximum en co-voiturage avec les jockeys Deauvillais. C’est plus sympa et on est de plus en plus.
AJ : Une hygiène de vie particulière ?
CP : Je mange normalement, j’ai un corps sympa (rire). J’aime faire du sport mais plutôt pour décompresser avec les copines, un peu de footing et de salle.
AJ : As tu des rituels ? Des superstitions ?
CP : On l’est tous un peu dans les courses, mais moi pas vraiment ... Il y a surtout une selle que je ne mets plus car je n’ai pas de bons souvenirs avec elle (rire)
AJ : Une échappatoire ? Faire autre chose ?
CP : Je n’ai pas trop le temps … mais j’aime la mode alors je dirai le Shopping !
AJ : Que penses tu des relations professionnelles Jockeys et Femmes Jockeys ?
CP : Ca va beaucoup mieux, on est tous des collègues sans distinction. Il est vrai que cela n’a pas été facile de se faire accepter au début de l’histoire des 4kg. Mais à force de nous voir dans les pelotons, cela s’est apaisé. On fait notre métier, on nous respecte beaucoup plus. Aujourd’hui, j’ai perdu ma décharge d’apprentie, je monte autant. Cette année, j’ai gagné des courses de 2 ans sans décharge, j’en suis fière. Je travaille, je m’applique, je prouve que j’ai ma place dans les pelotons … mixtes ! « La décharge des femmes » nous a permis en effet de monter plus, de progresser, mais c’est comme tout dans la vie, vous devez ensuite montrer que vous êtes capables de rester au niveau et ne pas décevoir ceux qui vous font confiance. Il faut faire la différence par notre niveau, notre implication et notre travail. Bien évidemment que le fait de monter chez Monsieur Rouget est un privilège mais si je ne faisais pas bien mon travail, il saurait me le faire savoir. Je suis l’un de ses jockeys « maison ». Il joue le jeu, tout comme Mathieu Boutin. Ils sont restés fidèles. Et je les en remercie. Je suis également très reconnaissante du travail que fait Alexis Doussot, mon agent. Discret, il est très objectif. Il sait me dire les choses. Si j’en suis là c’est également grâce à lui. Il me soutient, m’aiguille, m’aide et me rassure. Il me pousse vers la progression en permanence avec briefing avant chaque course et débriefing après chaque course. J’ai également une pensée pour Tony Castanheira avec qui tout a commencé. Il m’a mise à cheval et présenté Alexis. Pour cela je ne le remercierai jamais assez.
AJ : Un souvenir de carrière ?
CP : La première Classe 2 que j’ai gagnée pour les couleurs de Mr Augustin Normand sous l’entraînement de Mr Rouget à Deauville en 2018 avec La Houblonnière. C’était le tout début de notre collaboration. L’atmosphère était assez particulière, tout le monde s’interrogeait et ne parlait que de ma monte. C’était LA course que je devais gagner … Tout s’est passé comme dans un rêve. Ca a déclenché beaucoup de choses, la confiance s’est installée et le respect a été acquis. J’ai saisi ma chance. Cette victoire a une saveur particulière avec une émotion intense.
AJ : Un souvenir de vie ?
CP : Ce sont mes parents lors de ma première victoire à Lyon Parilly pour la famille Demercastel. Je les entendais, avec ma mère, crier dans les tribunes. C’était émouvant.
AJ : Un objectif ?
CP : Il y en a pleins … être dans les 10 meilleurs jockeys … j’y suis, puis dans les 5 … battre le record de Mickaëlle (72 victoires pour rappel), gagner les bonnes courses et pourquoi pas monter sur le podium mixte !
AJ : Un Rêve ?
CP : De participer au Prix de Diane … et de le gagner !
AJ : Un message ?
CP : Ne rien lâcher … on ne donnait pas cher de ma peau à l’AFASEC. Avec un parcours un peu lambda, mais à force de travail, et d’un petit coup de chance, j’y suis arrivée. Il faut travailler, être bien entouré, garder la tête froide, les pieds sur terre, réfléchir, avoir un mental à toute épreuve et saisir les opportunités.
Nous souhaitons à Coralie une bonne continuation et de réaliser ses rêves
Propose recueillis par Carole Desmetz Consulting