Son père, Frédéric, s’est fait un nom dans le monde du trot. Lui se fait, à la vitesse grand V, un prénom dans celui du galop. Flavien Prat, qui fêtera ses 18 ans le 4 août, a décroché l’Etrier d’Or 2009 et, au train auquel il nous a habitués, il va devenir professionnel dans les semaines qui viennent, son retour à la compétition étant prévu le 5 mars.
Combien de victoires, à ce jour ?
62 en France, et 2, cet hiver, aux Etats-Unis. 64, donc…
Mais les succès à l’étranger sont ils comptabilisés ?
Oui. En ce qui concerne l’obtention d’une Cravache d’Or, par exemple, elles n’entrent pas en ligne de compte. En revanche, pour passer du statut d’apprenti à celui de professionnel, si.
Si vous étiez « descendu » à Cagnes, ou à Pau, pour les meetings, vous auriez sans doute atteint le fameux cap des 70 gagnants avant la fin 2009, non ?
C’est possible. Mais je n’y tenais pas. Je préférais attaquer 2010 avec encore une petite marge, histoire de me mettre sur de bons rails, d’entrée de jeu. Et puis, j’ai eu cette opportunité de pouvoir partir deux mois aux Etats-Unis…
Comment cela s’est-il organisé ?
Par mon agent, Edith Dutertre, qui m’a obtenu un stage chez Léonard Powell, en Californie. Un très grand professionnel. C’était passionnant, j’ai passé deux mois extraordinaires. Je montais tous les matins à l’entraînement, et, en course, j’ai découvert Santa Anita et Hollywood Park…
Parlez-vous anglais ?
Disons que j’arrive à me faire comprendre. Les jockeys locaux ont été très sympas avec moi. Eux, ils apprennent sur le tas, il n’y a pas d’écoles, comme chez nous.
Vous êtes né dans une écurie, de trot, certes, mais avez-vous eu besoin de suivre des cours à l’AFASEC ?
Bien sûr. Au Moulin à Vent, à Gouvieux. Et j’ai eu Tony Clout, chez qui je travaille toujours, comme maître d’apprentissage. C’est vraiment un bon patron.
Et pourquoi avoir choisi le galop, alors que vous avez été élevé au milieu des trotteurs ?
Depuis tout petit, je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu une préférence pour le galop, et les épreuves de galop. Les sensations sont différentes. J’y ai goûté par le biais des courses de poneys, comme mon ami Alexandre Abrivard qui, lui, est resté chez les trotteurs. Moi aussi, évidemment, c’est avec eux que j’ai commencé, dès mon plus jeune âge. Et puis au trot, en tant que fils de Frédéric Prat, cela aurait été à la fois plus facile, et je n’aime pas la facilité, et plus difficile. Mais, ce qui était certain, c’est que je n’ai jamais envisagé m’éloigner des chevaux. J’ai eu la chance d’être d’un gabarit m’autorisant à devenir jockey.
Pas de problèmes de poids ?
C’est plutôt le contraire. Je suis un peu trop léger : 48 ou 49 kilos pour mes 1,60 mètres. D’un autre côté, cela me laisse un peu de marge si, par hasard, je venais à grandir encore un peu… Et je peux manger de tout, sans me priver, bien que je ne sois pas ce que l’on appelle un gourmand
A votre retour des Etats-Unis, vous êtes allé disputer le Championnat Européen des Apprentis, en Italie, à Pise. Vos impressions ?
Je n’ai, malheureusement, été associé qu’à des « toutes petites chances », et je n’ai pu prendre que deux quatrièmes places. Mais c’était très bien, très enrichissant. Du côté des infrastructures, j’ai eu le sentiment d’évoluer sur une piste « parisienne », de très belle qualité, mais… sur un petit hippodrome de province. L’argent manque, là-bas, manifestement…
Vous habitez à Chantilly ?
A Lamorlaye, oui. C’est plus pratique.
Seul ?
Oui. Mais je suis rarement chez moi. Toujours à l’écurie ou chez des amis.
Pour faire la fête ?
Je ne suis pas trop fêtard, à la base, et j’évite les sorties quand je dois monter le lendemain. En revanche, comme tous ceux de mon âge, j’aime bien les soirées « cinéma », ou « bowling », avec les copains.
Qu’est-ce qi vous plaît, chez ces copains ?
J’aime les gens qui rigolent, qui ne se prennent pas au sérieux. Je n’apprécie pas du tout les râleurs. Et encore moins les fainéants… Je tiens peut-être ça de mon père qui, lui, a oublié de l’être, fainéant…
Le sport ?
J’adore le foot. J’y ai joué, mais ce n’est pas… mon métier ! J’aime le foot mais… le foot ne m’aime pas !
Suivez-vous toujours les performances de l’écurie paternelle, et le trot, en général ?
Moins qu’avant, car je suis très pris par ma profession, mais, les résultats de Quemeu d’Ecublei, le fer de lance de mon père, cet hiver, et les prouesses de Mathieu Abrivard m’ont fait très plaisir.
Votre actualité immédiate ?
J’ai repris le travail, le matin, depuis un moment, et je dois donc me remettre en selle, en compétition, le 5 mars à Deauville. Je monte pour mon patron, bien sûr, mais Pascal Bary fait aussi appel à moi. J’espère que, lorsque j’aurai perdu ma décharge, je pourrai continuer à gagner des courses. Ce sera sans doute plus difficile, mais je vais m’accrocher…
Et les Etats-Unis ?
Si je m’étais écouté, j’y serais bien resté… Le soleil de la Californie face au froid qui a régné sur la région parisienne… Non, je plaisante. Mais je n’ai même pas eu le temps d’y faire un peu de tourisme. Au début, je me disais, j’ai deux mois, j’aurai bien le temps d’aller visiter tel ou tel site. Et puis, j’ai monté tous les jours, le deuxième mois,les semaines ont défilé sans que je ne m’en aperçoive. Alors… je vais tout faire pour y retourner l’an prochain !