12ème du classement des jockeys d’obstacle en 2008, avec 30 victoires, 13ème en 2009, avec 24 gagnants, Mathieu Carroux, 21 ans, en totalise déjà 10 en 2010 et se retrouve 1er ex aequo, avec David Cottin, l’actuelle Cravache d’Or. La véritable révélation de ce début de saison…
Comment êtes-vous arrivé dans le monde des courses ?
Ma mère élève des galopeurs, dans la région de Saumur. Depuis toujours, j’ai côtoyé les chevaux. A 3 ans, j’étais en selle. Puis j’ai fait de l’équitation et du concours hippique.
Vous auriez pu continuer dans cette voie…
Je voulais devenir jockey. D’obstacle. Le plat m’intéressait beaucoup moins et, de toute façon, vu mon gabarit, 1,71 mètres pour un peu plus de 60 kilos, ce n’était pas possible.
Etes-vous entré dans une école ?
Oui, à Senonnes-Pouancé. Je ne crois pas qu’elle dépende de l’AFASEC, mais elle conduit également à un BEPA.
Qui a été vôtre maître d’apprentissage ?
Cyriaque Diard. J’y suis resté trois ans. Il m’a fait débuter en compétition, et c’est pour lui que j’ai remporté ma première course, le 11 mars 2006. Ses pistes d’entraînement sont bonnes, les barres d’appels des obstacles sont garnies de pneus, pour que les sauteurs ne se blessent pas…
Vous êtes désormais au service d’Arnaud Chaillé-Chaillé, à La Palmyre…
J’y suis arrivé quand Christophe Pieux était encore premier jockey. Puis ce fut Jacques Ricou. L’ambiance, à l’écurie, est excellente. C’est une véritable famille.
Peu après avoir rejoint le staff d’Arnaud, en 2007, vous avez été victime d’un accident…
Je suis tombé, à Pornichet. Fracture de la malléole droite, interne et externe, les ligaments croisés du genou arrachés et, de plus, les médecins ont détecté une tumeur, de 6 centimètres sur 7, sur mon tibia. Je la portais peut-être depuis ma naissance… Toujours est-il que je me suis déplacé en fauteuil roulant durant 6 mois…
Etiez-vous sûr de pouvoir remonter ?
Sûr, non, mais je le voulais tellement… Dans ces cas-là, il faut prendre son mal en patience, comme l’on dit, mais j’ai trouvé le temps long… A ce sujet, aussi louable soit l’Association des Jockeys, elle ne parvient pas à enrayer les lenteurs administratives… Il faut attendre longtemps avant de percevoir les premières indemnisations…
Comment expliquez-vous votre « percée », cette année ?
Auparavant, quand il y avait un premier pilote, les montes étaient ensuite réparties entre les autres cavaliers de la maison… Désormais, le patron fait plus souvent appel à nous.
Vous avez déjà réalisé trois « coups de deux » depuis le début de l’année, dont un à Auteuil, le 7 mars, avec Mystère du Turf, qui vous a offert votre premier quinté, et, dans la foulée, avec Punchy Style. Votre meilleur souvenir ?
Ce sont des moments que l’on n’oublie pas, bien sûr. Mais, sentimentalement, j’ai peut-être préféré ma troisième place, en novembre 2009, dans le Prix La Haye Jousselin, avec Dayladan, mon cheval de cœur…
Avez-vous des modèles, dans la profession ?
Pas vraiment. Toutefois, Jacques Ricou ne fait qu’un avec sa monture… David Cottin, lui, est un véritable guerrier. On l’appelle, et il va au charbon à chaque fois…
« Aller au charbon », une expression qui vous plaît ?
J’aime mon travail, et je le fais toujours du mieux possible. J’apprécie une bonne fête, de temps en temps, avec les copains, mais je suis plutôt « boulot – boulot », et j’ai une vie « rangée ».
D’autres loisirs, ou passions ?
J’aime bien la pêche, ou les sports mécaniques, comme le karting, mais je n’ai pas trop le temps de m’y consacrer.
D’autres sports ?
Je n’en pratique aucun et… j’ai horreur du foot !
Suivez-vous toujours le concours hippique ?
Plus ou moins, mais cela me passionne toujours, et ma fiancée, avec qui nous allons acheter une maison près de La Palmyre, possède un cheval de sport équestre. Dimanche 14 mars, pendant que je terminais troisième du quinté d’Auteuil, avec Magic Poline, elle était à Royan, pour un concours. Elle avait réalisé un sans faute mais, malheureusement, elle a loupé un obstacle… A revoir…
Vous retrouver en tête, « dead heat » avec David Cottin, dans la course à la Cravache d’Or 2010, vous fait-il rêver ?
Non. C’est un concours de circonstances, pour l’instant. Il va avoir beaucoup plus d’opportunités que moi et, quand il va « mettre le turbo », il va me « déposer ». Et puis, dans l’immédiat, je ne cherche pas la gloire… Je veux gagner de belles épreuves. A mes yeux, c’est plus important que la Cravache d’Or. Toutefois, si un jour, je dois décrocher le trophée, je ne vais pas m’en priver. Mais, pour le moment, je ne veux pas « le beurre et l’argent du beurre »…