Son petit exploit du 24 mars 2010 est passé pratiquement inaperçu. Ce jour-là, à Enghien, Anthony Cardine, 24 ans, avait 4 montes. Dans la première course, un cheval tombé devant lui « fauchait les jambes » de son partenaire, El Milagro, qui chutait à son tour. Anthony se relevait, et, malgré une douleur dans le dos, il se remettait en selle dès la suivante, pour une troisième place. Dans la 5ème, il menait Snowist à la victoire et, dans la 6ème il terminait deuxième, avec Vitello. Bien. Sauf que les radiographies passées le lendemain matin révélaient un traumatisme vertébral et une fracture de la 6ème dorsale…
Ce 24 mars, quand vous avez décidé d’honorer vos trois autres engagements, ne souffriez-vous pas ?
Si, j’avais mal, mais sans plus, à chaud. Et, je voulais absolument être associé à Snowist, mon cheval de cœur, qu’entraîne mon patron, Didier Prod’homme. Et mes deux autres partants détenaient, eux aussi, une bonne chance. Cela ne se refuse pas…
Et qu’en-est-il, aujourd’hui ?
Je suis muni d’un corset, qui me permet de me déplacer et d’aller aux courses, comme vendredi dernier à Enghien. Rester enfermé chez moi, même devant Equidia, ne me réjouit pas spécialement. Mais, en fait, ce n’est pas très douloureux. Je vais passer des examens à la fin du mois et, si tout va bien, je pourrai être de retour le 5 mai.
Comment êtes-vous venu aux courses ?
Ma mère travaille sur les hippodromes, comme hôtesse du Club Galop. Alors, depuis tout petit, les courses m’intéressent. Et, si j’ai toujours aimé les chevaux, je ne m’étais même pas essayé dans un cercle hippique avant d’entrer au Moulin à Vent, l’école AFASEC de Gouvieux.
Qui a été votre maître d’apprentissage ?
Alain Lyon. Chez qui je suis resté 6 ans. Mais je n’ai pas beaucoup monté, au départ. Je n’ai débuté qu’à 18 ans, pour une dizaine de participations, puis j’ai été victime d’accidents. Je n’ai pas été gâté, les premières années : un arrachement de la rotule et du tendon rotulien, avec un an d’arrêt à la clef, puis, à Lyon, une fracture des tibia et péroné. En fait, je n’ai vraiment commencé ma « carrière » qu’à 20 ans. Et c’est là, lors de ces pépins plus ou moins graves, que l’on se rend compte de la grande utilité de l’Association des Jockeys. « L’Asso » se charge de toutes les formalités administratives, vous donne un sérieux coup de main pour tout… On se sent beaucoup moins seul.
Vous êtes donc désormais au service de Didier Prod’homme. Comment s’est passé ce « recrutement » ?
L’écurie de M. Prod’homme est voisine de celle de M. Lyon. Didier a remarqué que je commençais à « faire des gagnants » et il m’a proposé une place…
Vous vivez avec Pauline Prod’homme, la fille de Didier. Cela a-t-il aussi été un élément « déclencheur » pour cette proposition ?
Non. A l’époque, je ne fréquentais pas encore Pauline. Elle connaît le monde hippique et est passée de cavalière au statut de femme-jockey. Partager la même passion et ne pas ignorer les inconvénients du métier, cela aide, dans une vie de couple.
Le 26 janvier 2009, à Cagnes-sur-Mer, en enlevant le Prix de Toulouse avec Ménestrol, vous avez signé votre 70ème succès et êtes passé professionnel, en plat. Or, vous vous êtes désormais orienté vers l’obstacle…
Déjà, à cette date, je connaissais d’importants problèmes de poids. Mais cela faisait un moment que l’obstacle me tentait énormément… Comme cela marchait toujours en plat, j’ai continué, pour 15 victoires supplémentaires, mais la balance était vraiment devenue mon ennemie. Aujourd’hui, je pèse 60 kilos, pour mes 1,70 mètres. Alors, j’ai décidé de me lancer à fond en obstacle…
De but en blanc ?
Non, mon patron m’a conseillé d’essayer, en ne montant exclusivement que pour Jean-Paul Gallorini. Il considérait, à juste titre, qu’avec des représentants de ce dresseur et entraîneur hors pair, il y avait moins de risques. J’ai été totalement séduit. D’ailleurs, pour Jean-Paul Gallorini, en avril 2009, j’ai gagné le Prix Roger Duchêne, mon meilleur souvenir, avec mon quinté, en plat, avec Nostaltir, pour Didier Prod’homme.
Le 10 janvier 2010, à Cagnes-sur-Mer, vous avez signé votre première Listed race, le Prix André Masséna, avec Baan Rim Pa…
Sur la lancée du Prix du Limousin du 1er janvier, toujours à Cagnes, il l’a bien fait. C’est, à ce jour, l’épreuve la plus importante que j’ai emportée. Didier Prod’homme, pour me donner un coup de pouce, s’est remis à l’obstacle. Il n’a que quelques sauteurs, mais ils sont tous très utiles. De plus, il vielle sur le choix de mes engagements. Ce n’est pas mon « agent », mais presque.
Avez-vous d’autres hobbies ?
Pas réellement, non, si ce n’est la pêche. Comme Cyrille Gombeau. En temps normal, je n’ai pas trop le temps de m’y consacrer mais, actuellement, j’en profite. Ne dit-on pas d’un jockey qui a été mis à pied, ou qui est en arrêt, qu’il va pouvoir « aller à la pêche » ? Eh bien, dans mon cas c’est vrai !
Je suppose que votre objectif immédiat est de revenir à la compétition, tout simplement…
Bien sur. Mais j’entends bien faire un max de gagnants et faire parler de moi… Je vais me donner « à fond »…