Mercredi 21 avril, à Auteuil, en selle sur Tryanon, un représentant de Mathieu Boutin entraîné par Ronald Caget, Alexis Mercurol, 21 ans, s’est adjugé le Prix Sicié, la 35ème victoire de sa jeune carrière. Le voilà désormais « pro »….
Comment êtes vous arrivé dans le monde des courses ?
Mon oncle, Vincent Mercurol, et, surtout ma tante, Sylvie Corellou, qui nous a malheureusement quittés il y a peu, étaient de grands cavaliers de concours hippique. Ils m’ont appris à monter et m’ont transmis leur amour du cheval. Ensuite, je suis entré à l’école AFASEC du Moulin-à-Vent, à Gouvieux.
Qui a été votre maître d’apprentissage ?
Marcel Rolland. On peut plus mal tomber… Il m’a fait débuter dans une course AFASEC, avec Gaelic Ocean… J’ai gagné. Mais, ensuite, il ne m’a plus fait remonter. Il faut dire aussi qu’il avait embauché Grégory Adam et il n’avait donc pas vraiment besoin de moi. Alors, j’ai décidé de faire mes valises, et de voir du pays…
Lequel ?
Je suis parti en Irlande, l’un des pays du Cheval. Je voulais découvrir d’autres méthodes, d’autres façons d’aborder les courses. J’ai eu la chance de pouvoir intégrer, durant quatre mois et demi, l’écurie d’Arthur Moore. Et il m’a lancé dans le grand bain, directement en obstacle… J’ai monté deux fois en compétition, pour terminer deux fois « nulle part », mais ce sont de bonnes leçons.
Ensuite ?
Je suis revenu en France. Je pouvais faire une croix sur le plat, de toute façon, avec mes 58 kilos pour mon 1,71 mètre. Je suis entré au service de Robert Collet. Il m’a vraiment beaucoup appris. Pour courir à Enghien, Auteuil, il faut des patrons qui vous expliquent tout, dans les moindres détails, qui vous poussent… Ensuite, j’ai travaillé un mois et demi pour Sylvain Loeuillet. Ce n’était pas mal, mais je ne suis pas resté. C’est alors que j’ai travaillé pour Patrice Lenogue.
Vous vivez avec sa fille, Pauline, depuis trois ans. Faut-il y voir une relation de cause à effet ?
Pas du tout, au contraire ! J’ai failli ne pas avoir la place pour cette raison… J’avais un peu d’expérience, à l’époque, je bénéficiais évidemment de la décharge due aux apprentis, mais Patrice m’a donné ma chance. Il m’a permis de me faire remarquer, m’a autorisé à me mettre en selle pour d’autres entraîneurs, tout en veillant à ce que je n’accepte pas n’importe quelle monte.
Avez-vous eu des pépins ?
Fracture du pied, de la clavicule droite, double fracture de la clavicule gauche, l’an dernier, à Cagnes-sur-Mer. D’ailleurs, dans le Midi, j’étais « tombé dans les pommes ». Les médecins de service – étaient-ils vraiment des médecins ? – m’ont laissé remonter dans l’après-midi même. Thierry Gillet, pour l’Association des Jockeys, s’est immédiatement occupé de ce dossier et, cet hiver, sur la Côte d’Azur, les médecins étaient bien des médecins…
En avez-vous gardé une appréhension ?
Non. En obstacle, il faut y aller parce que tu aimes ça, il faut avoir le cœur pour… Si tu as peur, c’est fini. Tu fais des fautes de mains, tu gères mal tes chevaux et tu vas au devant de l’accident… Disons qu’en région parisienne et sur les grands hippodromes, les infrastructures médicales, les ambulances, etc… sont très rassurantes. En province, même si elles s’améliorent, c’est ce qui me freine un peu…
Vous êtes désormais chez Christophe Aubert…
Depuis bientôt trois semaines. Chez Patrice Lenogue, vu son effectif, ma décharge était vraiment utile. Je l’ai perdue… Christophe Aubert a sa façon bien à lui de préparer ses pensionnaires, mais il sait ce qu’il fait. Il est très exigeant, et c’est plutôt bien pour progresser, mais il me laisse du temps libre et m’autorise à monter pour l’extérieur, même si, lui aussi, jette un œil sur mes engagements.
Vos ambitions ?
Je sais que je viens de franchir un cap, mais je vais tout faire pour réussir. Mes cartes, mes atouts, c’est moi qui les ai en main. L’année a bien commencé mais, dans ce métier, ce n’est pas le tout de réussir une saison. Il faut durer. Je pense, par exemple, à Steven Colas, qui était vraiment doué, et qui l’a démontré, mais il n’a pas su, ou pu, faire face à certains désagréments de la profession.
En dehors des courses, avez-vous des hobbies ?
J’aime beaucoup le rugby et le tennis. Je joue au squash, c’est bon pour le physique et pour se vider la tête, comme la pêche, mon grand truc pour me détendre. Je vais au cinéma deux ou trois fois par mois, j’adore la musique. Toutes les musiques, variété française comme tout le reste. Et puis, avec des amis, du métier ou non, j’apprécie pouvoir profiter des beaux jours, lors de barbecues, par exemple. Nous ne sommes pas souvent à la maison, mais je sais rester raisonnable. Et puis, j’ai horreur des boîtes de nuit, ce qui n’est pas plus mal quand il faut se lever tôt…
Avez-vous un meilleur souvenir ?
Pas vraiment. Gagner est toujours plus ou moins une heureuse surprise, comme avec Royal Winner, par exemple, ou encore lors de mon coup de deux, à Auteuil. En revanche j’ai un cheval de cœur :Ristabad. Nous nous sommes imposés à quatre reprises, consécutivement, ensemble. Et, des bons souvenirs, j’espère m’en construire d’autres…