Il a conclu le meeting estival 2010 de Deauville, le dimanche 29 août, par un joli coup de deux, raflant au passage son neuvième quinté. Il n’a pas non plus manqué l’ouverture de Saint-Cloud, vendredi 3 septembre, malgré un « impossible » numéro 19 à la corde, signant son quarantième succès de la saison. A 24 ans et désormais plus de 200 victoires, Sylvain Ruis s’affirme de plus en plus…
D’où venez-vous ?
De Marseille.
Vous alliez sur les hippodromes, là-bas ?
Non. J’ai commencé par le concours hippique.
Pourquoi ?
Comme j’ai toujours adoré les animaux, mon père s’est fait, et m’a fait, plaisir en achetant des chevaux de concours. A l’école, j’avoue que je n’étais pas un champion, et, comme j’avais la taille « jockey » - je mesure aujourd’hui 1,59 mètres pour moins de 51 kilos – j’ai eu envie d’entrer à l’école AFASEC.
Qui a été votre maitre d’apprentissage ?
Jacques Rossi, à Marseille. Même si j’ai débuté tardivement en compétition, parce que je faisais un peu « l’abruti », j’ai gagné quelques bonnes courses, pour lui. J’y suis resté 8 ans.
Pourquoi avoir quitté votre région ?
C’est Jacques Rossi qui me l’a conseillé. Il m’a dit : « Petit, il faut que tu tentes ta chance à Paris… »
Vous avez « débarqué » dans la capitale, avec votre valise à la main, sans savoir où aller ?
Non. Jacques Rossi, que je remercie encore, avait téléphoné à Christiane Head-Maarek, qui m’a accueilli. Je pouvais tomber plus mal… Puis j’ai travaillé chez son gendre, Carlos Laffon-Parias. Grand professionnel et grande écurie, là aussi. J’ai réalisé une très belle année, pour lui, avec 51 victoires, et perdant ma décharge durant l’été 2007.
Ensuite ?
Devenu pro, comme certains, parfois, pour ne pas dire souvent, j’ai connu une très mauvaise passe. Chez Carlos, je m’étais lié d’amitié avec un cavalier d’entraînement, Cédric Blanchard. De fil en aiguille, il est devenu mon « agent », comme il est celui de Flavien Prat, de Mathias Sautjeau, de Thierry Jarnet et d’Aurélien Lemaître. Nous avons décidé de tout reprendre de zéro, et, maintenant que je suis « free lance » nous nous sommes débrouillés pour obtenir la confiance de quelques entraîneurs. Ainsi, je me mets souvent en selle pour Giuseppe Botti, Rupert Pritchard-Gordon ou Robert Collet, et, le matin, je me rends régulièrement à l’entraînement, pour eux.
D’autres font aussi appel à vous…
Je ne chôme pas, nous avons un carnet d’adresses qui commence à être bien rempli.
Vous avez donc remporté 9 quintés et, en 215 participations à des événements, à ce jour, vous y avez aussi pris 55 places dans les 5 premiers. Pratiquement une fois sur trois à l’arrivée. A quoi est due cette réussite ?
On m’a associé à de bons éléments. Mais, de toute façon, j’aime beaucoup ce genre de course. Elles sont médiatisées, et c’est important pour essayer de se faire remarquer. Il faut bien faire le « papier », tout analyser ; il y a beaucoup de partants, il faut savoir donner le bon parcours à son partenaire, suivre les bons adversaires et, surtout, les bons jockeys, qui trouvent toujours un trou de souris pour passer ou qui savent à quelle vitesse ils vont… Choisir la « mauvaise roue » peut se révéler catastrophique… En général, on reçoit à peu près tous les mêmes ordres, au rond de présentation. Alors, il faut tenter de faire la différence…
A quels pilotes faîtes-vous référence ?
Christophe Soumillon, qui se sort de n’importe quelle situation, qui se « démarque » en permanence, Thierry Thulliez, qui a un « compteur » dans la tête, et à Christophe Lemaire, très fin, bon finisseur et véritable perfectionniste. On progresse, à se mesurer à eux…
Et vous avez encore des progrès à faire ?
Je l’espère. En tout cas, je fais tout pour. Je visionne les vidéos de mes courses, avec un œil critique. J’essaye de déceler ce que je peux améliorer, de voir l’erreur que j’ai commise pour ne pas la renouveler… Et ce qui m’a aidé, aussi, c’est de parvenir à me débarrasser de la « pression » avec laquelle j’abordais mes courses, auparavant. Quand on est trop tendu, trop hésitant, on ne prend pas toujours la bonne décision au bon moment, et c’est d’ailleurs un peu pareil dans tous les sports et dans la vie en général… Je ne suis pas encore parfaitement relax, mais il y a du mieux. Je suis beaucoup plus « posé », dans ma tête.
Pas encore de Groupes, à votre palmarès ?
Non. Quelques places dans des listed Races, c’est tout. Mais, mon but, c’est effectivement d’être au départ de ces belles épreuves, d’être à la hauteur des bons chevaux que l’on m’aura confiés, de savoir en tirer la quintessence, et c’est pourquoi je veux encore progresser, pour arriver au plus haut niveau…
Côté vie privée, célibataire ?
Non, depuis un an et demi, je suis fiancé à Constance, une cavalière, et nous avons des projets, ensemble…
Des passions ?
Je suis fanatique des voitures de sport. Je possède une VW Sirocco Sport, qui a, sans jeu de mots, beaucoup de chevaux sous le capot. Je fais toutefois attention… Par ailleurs, j’adore les poissons. J’ai un très grand aquarium et, souvent, le soir, tranquillement assis devant, je les regarde évoluer… Rien de tel pour faire le vide, oublier un peu tout le reste. Quelquefois, c’est bien mieux que la télé…